mamimadi

Tomateries

lundi 26 mai 2014, par jacky hérigault

Comme chaque année, j’ai planté des tomates dans mon petit jardin, mais je pense que c’est la dernière fois que je m’aventure dans ce parcours du combattant dont je ne suis jamais certain de ressortir vainqueur.

Je n’aime pas les tomates, enfin pas celles qu’on trouve habituellement dans tous les bons commerces, avec des compartiments bien fibreux retenant liquides inconsistants et pépins indigestes. La tomate de jardin, c’est autre chose, tout le monde le sait bien, et celle de mon jardin n’est même pas comparable, ça je vous l’apprends, même si vous vous en doutiez un peu. Chair de boeuf, Coeur de boeuf, Noire de Crimée, Cerise, Golden, ... et quelques autres variétés dont je ne connais même pas le nom font les délices de mes repas à la belle saison, celle de la plage, de la voile et donc aussi de la récolte.

Mais la belle tomate, c’est du boulot, mon bon monsieur ! L’année précédente, il a fallu recueillir quelles graines de tomates prêtes à la dégustation, les laver, sécher, classer, stocker jusqu’aux tout premiers beaux jours où je les ai installées dans le terreau de petits pots soigneusement exposés à la générosité du soleil.

Et là, l’angoisse germe plus rapidement que mes petites graines ... Les nuits ne sont-elles pas trop fraîches ? Le soleil n’est-il pas trop fort aujourd’hui ? Ai-je arrosé suffisamment ? Trop ?

Généralement, cette première étape des semis se passe bien, parfois trop bien lorsque quatre ou cinq plants émergent dans leur pot et que je n’ose en supprimer sous l’effet de je ne sais quelle crainte, souhait ou superstition. Une question supplémentaire vient alors : y aura-t-il assez de nourriture pour tout ce petit monde ? Et d’autres inquiétudes encore lorsque, revenant d’un long weekend, les plants ont bien profité et paraissent maintenant trop grands dans leurs petits pots. Le terrain est prêt dans le jardin, mais la terre n’est-elle pas encore trop froide ? La météo n’annonce-t-elle pas trop de vent, trop de pluies pour mes petites choses si fragiles ?

Quand faut y aller, faut y aller s’entend dire l’oisillon poussé hors du nid, le jeune poussé chez le dentiste, ... et donc le plant de tomate poussé à pousser au grand air. C’est parti pour trois à quatre mois de surveillance attentive, de soins mesurés, de questionnements inquiets. Trop de vent, les liens sont-ils toujours bien placés ? La chasse aux gourmands a-t-elle été faite récemment ? Après ce temps pluvieux, une petite bouillie bordelaise ? Cette tache, là, n’est-ce pas un départ de mildiou ?

Du boulot, je vous dis, attentif et attentionné. Aimer la tomate, c’est aimer le plant qui va la porter, l’observer avec tendresse, lui parler jusqu’à en faire vibrer feuilles et racines. Ça prend le coeur à force de prendre la tête ... Mais vient un âge où on n’en a plus trop pour soi-même, de la tête et du coeur, et où il convient de cesser les activités dévoreuses d’énergies positives. C’est du moins ce que je me dis jusqu’à ce que, l’automne bien installé, le souvenir gustatif de mes incomparables tomates ne m’incite à remettre le couvert une dernière fois, c’est juré !

Un commentaire ?

[an error occurred while processing this directive]
[an error occurred while processing this directive] [an error occurred while processing this directive]
[an error occurred while processing this directive]
SPIP | squelette | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
[an error occurred while processing this directive]