7 Février La Turballe 2000 |
Les racines qui me lient au sol turballais sont discrètes. Ni lancinantes, ni revendicatives. Sans doute parce qu'elles se portent bien, qu'aucun événement ne les a blessées, qu'aucune séparation ne les a mises à l'épreuve. Elles existent. Point. |
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Les images retrouvées diffèrent toujours un peu des images conservées dans ma vieille mémoire. Notablement parfois. Il me semble par exemple que le petit train n'est plus passé dans le bourg de La Turballe après 1938 et les années de guerre. La gare a été démolie et n'existe plus sur l'actuelle place "de l'ancienne gare". La glace n'a remplacé massivement le sel pour la conservation de la sardine que bien après 1933 .... |
Il m'arrive pourtant de les sentir frémir comme il peut arriver de percevoir l'extrémité de ses membres à l'occasion d'émotions ou de crispations intenses. La lecture de la plaquette "La Turballe 2000" a été cette occasion cette semaine : un flot d'images, d'anecdotes, de faits marquants, de chiffres révélateurs y dessinent l'histoire de ma commune depuis 1865. Avec, en écho, ma propre histoire pour une bonne part de cette durée. |
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Mais qu'importe ! Reste le flux des souvenirs comme une marée montante. Celui de ces saleuses d'avant-guerre, par exemple, dont le travail consistait à compter les sardines, les disposer dans les paniers, les saler et les recouvrir de fougère pour les proposer à la vente ... Celui de ces bruits de sabots descendant des villages vers le port dans la nuit ... Celui ... |
Le petit train, les usines, l'électricité, la sardine, l'occupation, la plage de Garlahy, le bouillon de Poulloué, la vieille criée, tous ces noms de plus anciens et anciennes que moi, de plus jeunes aussi .... Le tout en vrac une fois la plaquette refermée. |
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14 Février Pévole bénétrole |
Le pétrole va arriver, le pétrole arrive, il est arrivé ! |
Vite, des bras, des mains au bout, des pelles, des sacs, des poubelles, des cirés ! Allez les bénévoles ! Il pleut, il vente, ça caille ! Allez les jeunes, les moins jeunes et même les mamies ! Il faut le ramasser ce tueur d'oiseaux, ce piégeur de crabes, ce souilleur de plages ... |
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Mais pas si vite, les bénévoles ! |
Pas de panique ! Un peu d'organisation : c'est pas une partie de plaisir, quand même. C'est du sérieux. Il faut vous inscrire, qu'on sache qui fait quoi, quand, comment. Pas tous ensemble, pas le même jour, au même endroit ... |
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Ah mais, attention, les bénévoles ! |
Faut pas les traiter n'importe comment les oiseaux. Faut pas arracher le goémon en même temps que les galettes brunes. Faut pas y mettre les mains, ça peut donner des boutons. Faut pas respirer, ça peut donner des cancers. Faut faire attention sur les rochers. Pas avoir d'accident surtout : qui serait responsable ? |
Allez, les bénévoles, c'est fini pour vous. |
Laissez faire les spécialistes maintenant, ceux qui savent, qui ont du matériel adapté, des produits efficaces. Il y a du nettoyage à faire dans vos chaumières, vos commerces, vos lieux publics ! Le goudron a laissé des traces ... |
A propos ... ce personnel professionnel va manquer d'hébergement. Vous pourriez pas ?... Allez, les bénévoles ! |
PS : l'humeur de cette semaine est liée au refus ou à la réticence manifesté par quelques autorités à certaines demandes de participation bénévole. Pour ce qui la concerne, La Turballe accepte, recherche même toutes les bonnes volontés susceptibles de parfaire de nettoyage de ses côtes ... |
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21 Février Mélancoliquement vôtre |
Où est-elle l'exquise mélancolie de mes tendres années, la délicieuse contemplation de l'espace et du temps intimement fondus dans un univers personnel, un méta-monde. |
Un autre monde pour percevoir le chuintement du temps sous le défilement des nuages. Pour s'immobiliser dans la brume de l'aurore au rythme sourd des battements intérieurs. Pour accompagner encore le déroulement de la vague à contre-vent, le frémissement des grains de sable sur la plage, les parfums d'océan venus d'un nez introuvable, la complainte des mouettes à l'attente inlassable ... |
Le temps s'est rétréci à force d'aller plus vite. La relativité mal comprise, bien sûr. Mais aussi nos emportements naturels à "speeder" pour effleurer de temps à autre le frein du "cool, cool ..." |
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Le murmure de la terre s'ébrouant sous la rosée ... Pour combien de temps encore ? |
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L'espace aussi a perdu de son ampleur. Comme la cour de récréation revisitée quelques années après y avoir joué. Notre Terre de jeu paraît plus petite. Des pans de campagne ont disparu sous le béton ou le bitume. Des pans de plage aussi ... |
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Mélancolie, mélancolie ... Les passerelles pour ailleurs se font rares dans notre réduction en forme de trou noir gargantuesque, dévoreur de pastels, de sons et de parfums. Les chemins virtuels vers un monde de synthèse pourraient-ils un jour pallier les défaillances du réel ? |
Le ciel de synthèse, plus accessible ? |
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28 Février Mathématiquement nul |
Le jeu des mathématiques nous apprend que Zéro multiplié par N’importe-quoi, ça fait toujours Zéro. (c’est beau les maths, non ?) |
Et donc que Zéro divisé par Zéro, ça donne N’importe-quoi. |
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L’ordinateur le plus puissant ne sait pas donner le résultat. Il y a trop de solutions, trop de réponses, trop de possibilités.
Celle qu’on veut, en particulier ! |
C’est bien pratique, ne trouvez-vous pas ? |
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Je veux évaluer par exemple le rendement de mon travail, alors que je ne fais rien et que l'investissement est nul. |
Bien sûr, le résultat est à la hauteur : nul.
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Pourtant, le rendement de mon inactivité peut être mirobolant, quoique inestimable et donc inconnu : allez donc évaluer le bonheur (et donc l’utilité et même la nécessité) de regarder un brin d’herbe pousser, d’écouter le fil de l’eau sur la rive, de surveiller la lune au-dessus des nuages ... |
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Autre exemple. La pénurie répartie sur quelques individus est insupportable pour eux (sentiment d’injustice). |
La même pénurie répartie sur l’ensemble de la population est plus facilement supportable (tout le monde est dans le même cas "K"). |
Mais la pénurie d’un bien demandé par personne peut (pourrait, hélas) procurer un sentiment de jubilation ou pour le moins de satisfaction profonde : pénurie d’armes à feu, pénurie de pétroliers bradés, pénurie d’enfants exploitables ... Fini ! Aplu ! |
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Bon d’accord, et dans quelle catégorie faut-il ranger la pénurie de rêves ? |
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