Mamie m'a dit ...

   Chronologie 2000 ...

 6 Mars
 Hoëdic en mer
Petite brise de sud-ouest ce mardi matin. Scipio sort de sa léthargie pétro-hivernale pour un premier galop vers les îles. Avec la petite appréhension des retrouvailles et la reprise en main des sensations quittées depuis plus de deux mois. Grand-voile haute, foc à ris et garcettes sur le qui-vive, régulateur enclenché pour un près débridé vers les Cardinaux encore invisibles. Sémaphore de Piriac sur tribord, phare du Four et sa Bonen sur bâbord, Scipio trempe à plaisir ses moustaches naissantes dans l’eau verte. Pas de vilaines taches brunes ; pas d’algues non plus, les tempêtes se font anciennes.
  Le matériel se tient bien : le mat est droit, les barres de flèches sont à leur place, tout est resté paré. Ou presque : le GPS a mis du temps à retrouver tous ses pixels et ses satellites ; quelques interrupteurs de lampes auront besoin d’un jet de nettoyant, quelques joints sont à refaire autour de quelque hublot, quelque passage de câble ... De l’occupation pour les beaux jours qui viennent ! L’instant est à la satisfaction de la reprise en main réussie : à l’abri derrière la capote réinstallée, les pages de Nicolas Bouvier en route vers l’Est alternent avec les images circulaires de notre Ouest à nous.
Les Cardinaux sont visibles depuis longtemps maintenant, il va falloir penser à abattre pour rentrer au port d’Argol. Bonjour la Chèvre ! Pas trop souffert de l’hiver ? A affaler le foc ; le glisser dans son sac pour libérer le pont, on n’est jamais trop prudent dans ces manoeuvres de port, surtout en solitaire. Sous grand-voile seule, Scipio s’est redressé et trottine vers le port sur une eau devenue calme sous le vent de l’île. Moteur en route, grand-voile affalée et ferlée, pare-battage et amarres à poste, Scipio glisse sa coque dans la grosse mare qu’est devenu Argol par cette marée basse de grand coefficient. Sa coque, et sa dérive conservée pour rester manoeuvrant ; et elle touche ! A relever ! Bon, le sable aura continué de quitter la dune cet hiver ...  
Pas grand monde : pas de plaisanciers, peu de bateaux de pêche, juste une barge en chargement le long du quai. Sans doute des déchets mazoutés dans de grands sacs initialement blancs. L’amarre est passée à l’une des trois tonnes qui ont pris un air d’autant plus penché qu’elles ont moins de chaîne à soutenir. L’annexe est gonflée et sa pagaie la déhale vers le sable et les enrochements du fond du port. Pas ou peu de souvenirs de l’Erika : les nettoyeurs bénévoles et professionnels ont dû passer par là. Poubelles, bâches plastiques, pelles, outils divers indiquent qu’un chantier continue sur l’île. La Trinquette est encore ouverte et sa petite pression paraît indispensable pour mener à bien le tour de l’île projeté.
 
 
Départ vers les cailloux de l’est : des boules de pétrole de toutes tailles sont encore présentes, d’âges apparemment différents si on en juge par la couleur, l’éclat ou la consistance. Le sable des plages du Mulon, du vieux port semble propre : des chantiers sont passés qui ont d’ailleurs laissé leurs outils comme pour décourager d’éventuelles nouvelles invasions indésirables. Plus vers l’ouest, le sable se fait rare et cède la place aux galets : une équipe de militaires et de pompiers y poursuivait un nettoyage impossible. La traque du pétrole échoué aura au moins eu le mérite de retirer des rivages et des dunes d’Hoëdic les innombrables déchets plastiques, métalliques, etcétériques ... souvent venus du large sur une île trop accueillante. La mer n’est pas une poubelle. Hoëdic est en mer. Hoëdic n’est pas une poubelle non plus, écrivent les enfants de l’école "Skollgwen" sur leurs vitres.
 
 
La marche dans le grand air donne soif, c’est bien connu. Une halte aux Cardinaux répond à la demande cellulaire générale et à quelques questions. Les bénévoles ? Ils sont venus très nombreux, merci à tous ! Les travaux dans les bas de l’île ? Le tout-à-l’égout qui se termine et qui devrait préserver la qualité de l’eau douce. Retour au port où Scipio se dandine toujours tout seul au bout de son amarre. Léger repas, plongée pour une longue nuit de fin d’hiver. L’étrave vers Houat demain ? La nuit porte conseil, dit-on ...
  jherig@club-internet.fr

Accueil
   

 13 Mars
 Vingt heures
Mon voisin n’a pas les yeux de sa femme dans sa poche : il a bien observé la durée de mes présences à domicile, et donc de mes absences du lieu de travail.
 
"Mais combien de temps peut-il bien travailler ?" s’est-il donc demandé comme tout bon contribuable soucieux de la bonne utilisation de ses impôts. Le communiqué consécutif à ce conciliabule interne a jailli, péremptoire : "20 heures !".
   
Et bien, m’en croirez-vous, mon spontané voisin est loin de la vérité, bien loin en dessous : je travaille très, très peu.    
Comme beaucoup de gens, ce pour quoi je suis (mal ;-) payé tient davantage du loisir que du bagne. A la limite, si mes ressources étaient assurées par ailleurs, je pourrais cotiser pour pratiquer cette activité, comme pour pratiquer le golf, la philatélie, le tennis, le yoga, la voile .... toutes choses éminemment fatigantes.
 
A la limite, il n’y a plus de limite entre ce qui est dû en contrepartie du salaire et ce qui est fait bénévolement, pour le plaisir. Plus de limite de temps : 20 heures ? 35 heures ? 60 heures seraient plus proche de la réelle durée de cette occupation, compte non tenu du temps de réorganisation nocturne qui permet de s’endormir avec un problème et de se réveiller avec la solution. Ne me dites pas que ça ne vous est pas arrivé ! Plus de limite d’espace non plus puisque tout est occasion d’apporter du grain à moudre au moulin que l’eau fait tourner en permanence : à domicile, en voyage, en voilier même (comme en ce moment !), la matière première peut être engrangée, triée, transformée au-delà du placement du contribuable.
Alors, voisin ... rassuré ?  
     
jherig@club-internet.fr

Accueil
   

 20 Mars
 Maximes de marin
Les maximes et dictons qui ouvrent de nombreuses pages de l’Almanach du marin breton ont davantage de saveur dans l’ambiance d’un port, même "de plaisance".  
 
Les criaillements des mouettes, les claquements des pontons lentement soulevés par la marée montante ponctuent chaque sentence comme pour laisser au lecteur le temps de s’imprégner de la part d’expérience qu’elle contient.
 
Tous les poissons mangent les gens, c’est le requin seul qu’on blâme.
Total-Fina pourrait être ce requin qu’il est facile de huer quand les petits poissons que nous sommes polluent quotidiennement l’aquarium global.
 
     
Entendre et voir, c’est bien ; Écouter et regarder, c’est mieux.
Cela me rappelle une chanson de Jacques Brel citant (ou parodiant ?) Platon : "Il y a deux sortes de temps, il y a le temps qui attend et le temps qui espère ..." :
Être acteur plutôt que spectateur de la vie ? Mettre les sens au service d’une volonté, placer le temps au service d’un désir, jusque dans l’inactivité de l’attente ...
   
     
Demain est le premier jour du restant de ta vie Ben dame, c’est bien vrai, ça ! On le sait tellement qu’on n’éprouve pas le besoin de le vérifier tous les matins. Et c’est sans doute bien dommage : ça nous aiderait grandement à nous émerveiller de ce jour d’hui, à le savourer comme la dernière cuillerée du dessert, comme la cerise sur le gâteau trop vite avalé.
  jherig@club-internet.fr

Accueil
   

 27 Mars
 La toile d'araignée
Nous vivons une époque formidable. Désormais, tout un chacun peut, sitôt le boot (l’amorce) de son ordinateur réalisée, circuler sur le web (la toile) à la recherche d’URL (adresses réticulaires) prometteuses. Avec ou sans l’aide de proxy (serveur mandataire), avec ou sans cookies (mouchards), avec ou sans firewall (pare-feu) contre les hackers (fouineurs).
Selon qu’il souhaite privilégier la rapidité plutôt que la sécurité.
Une époque formidable d’activités communicantes. Par mail (courriel) dans les mailing-lists (listes de diffusion) ou par post (article) dans les newsgroups (forums), les informations circulent rapidement, dans tous les sens, parfois pas dans le bon (sens !), ponctuées ici et là de smileys (frimousses) complices, rigolards, ironiques, désapprobateurs ou même ulcérés, parfois noyées dans un flot de spams (pourriels) déversés par d’hypothétiques start-up (jeunes pousses) en mal de pub (réclame !).
     
Ces activités de communications deviennent de plus en plus vivantes avec l’installation de multiples plug-in (appliquettes) par les webmasters (administrateurs) dans leur websites (sites sur la toile).
De plus en plus "direct-live" comme on dit à la télé, avec le chat (la causette) ou même la visio(vidéo ?)conférence utilisant microphone et webcam (    !).
     
Une époque formidable, donc, et le progrès continuant de sévir, demain devrait encore nous étonner ...
  jherig@club-internet.fr

Accueil Plan du site