Mamie m'a dit ...

   Chronologie 2000 ...

 5 Juin
 Guérande
Guérande est toute proche de La Turballe.
Elle m’est pourtant toujours restée lointaine, différente, inaccessible, malgré les longs et nombreux passages que mon grand âge m’a permis d’y faire : études, loisirs, travail ....
Des passages seulement.
Et je me demande d’où vient cette impression d’être «étranger dans la ville» ?
  Est-ce l’allure hautaine des flèches de sa collégiale, les années dissimulées dans les pierres de ses remparts, sous les pavés de ses rues, les relents de mystère qui ne manquent pas d’assaillir le visiteur un tant soit peu inquisiteur ...?
  Est-ce plutôt l’ambiance qu’on y trouve encore, assez éloignée de l’esprit laborieux, aventurier, migrant qui devait imprégner le petit bourg turballais des origines, alors qu’il s’affranchissait de la tutelle guérandaise ?
Je ne sais pas.
Guérande reste pour moi une ville à découvrir.
   
Deux occasions m’ont été données de lever quelques indices ces dernières semaines Avec les lycéens de La Mennais déguisés en chasseurs photographiques dans les rues de la ville, d’abord. Immergé ensuite dans la fête médiévale qui ressuscite pour un jour les costumes et les coutumes dont seules les pierres se souviennent.
 
     
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 12 Juin
 Les choses de la vie
  Elles sont nombreuses les petites choses qui nous gâchent la vie régulièrement, à longueur de jour et de vie sans doute quelque peu rétrécie par le stress ainsi engrangé.  
  Du saut du lit jusqu’au clavier que je martyrise actuellement, le parcours est déjà exemplaire !  
Salle d’eau.
Le tube du dentifrice y joue les "langues de belle-mère".
Sa stabilité dans le verre d’accueil est devenue incertaine au fur et à mesure des utilisations.
Ma maladresse matinale (que matinale ?) l’aide à glisser sur la lavabo dont il chute rapidement pour céder à l’attraction de la pesanteur.
Zut !
  Le gel douche ...
Ah, le gel-douche !
Voilà des années que j’attends chaque matin qu’il veuille bien sortir de son flacon.
Ne pas s’énerver.
Quelques secousses incitatives accélèrent souvent l’affaire.
Et bien penser le déposer à l’envers pour que le précieux savon soit proche de la sortie, demain ...
 
  Le lait du petit dèj’ m’attend dans sa bouteille neuve réglementairement operculée.
M’attend ? Me nargue !
"M’aura ? M’aura pas ?".
Attends, attends !
Je trouve la petite languette bien insérée sans le filetage du goulot.
Je tire doucement, soulève un peu les bords retombants de la mince feuille d’alu.
M’rde !
Echec et déchirure !
Dépit et hésitation ...
Faut-il verser le lait au risque d’un écoulement chaotique ?
Déchirer le reste de l’opercule d’un doigt nerveux et finalement souillé ?
Décoller patiemment le reste de l’adhésif à l’aide d’un instrument quelconque ?
De l’humeur du jour dépend la décision ...
  La poudre du chocolat s’évade à l’ouverture de la boite parce que le papier intérieur n’a pas été soigneusement replié.
La croûte du pain que je coupe tombe de la planche à découper.
Le beurre s’étale difficilement, ...
 
C’est décidé : à la prochaine paye, je me procure un dentifrice qui se tienne comme un grand, un distributeur de gel-douche muni d’une pompe, un frigo à compartiment beurre plus grand ou un beurrier plus petit, un coffre à pain équipé d’une planche ramasse-miettes. Je change de marque de lait, de chocolat.
Demain ...
 
Ah ! J’oubliais de vous montrer le joli bouquet offert à mamie, maman avant d’être grand-grand-maman.
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 19 Juin
 Pustules
  Le port de La Turballe est en cours de décontamination. Le fioul de l’Erika l’avait souillé. On va le nettoyer.
  Pardon : décontaminer. Ça fait plus sérieux, à juste titre.
  Ça fait aussi plus dramatique, la contamination décrivant la propagation d’une maladie, la transmission d’un défaut (cf le jeune Larousse).
 
    Notre port était donc contagieux.
Les pieds foulant ses pontons et ses quais pouvaient en revenir souillés. Une amarre frappée sur une bitte de la cale avait toute chance d’en être larguée maculée. Le bois exotique de l’estacade, l’acier des échelles, la pierre devaient être saisis avec beaucoup de précaution.
  Contagion vous dis-je ... D’une maladie transmissible de chaussure en pont de bateau, de cordage en main de matelot, de pare-battage en coque de bateau ... Oh ! Oh !
  Contagion d’une maladie a priori étrange puisque son amplitude aurait dû diminuer avec sa propagation : chaque petite quantité de pétrole retirée du port par un pied, une main, un bout’ aurait dû faire diminuer la quantité restante.
  A priori seulement : les grandes marées du week-end dernier ont amené vers le port des algues recouvertes de pétrole "flambant neuf", de provenance hypothétique. Erika, le retour ? Dégazages ?
 
      La maladie n’est donc pas si étrange. Elle est celle de l’argent et du profit. Et les galettes de l’Erika dans le port de La Turballe n’en sont que quelques pustules révélatrices.
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 26 Juin
 Bulles de savants
  Certains ont la science des bulles. Savent-ils que les bulles, c’est de la science ? De la physique et de la chimie ... à ce qu’on dit. Parce qu’il faudrait peut-être aller voir de plus près si une sorcellerie quelconque ne se cache pas derrière ces créations aussi promptes à disparaître que peu enclines à apparaître.  
    Habituellement, pour faire des bulles, il faut de l’eau. Vous savez, cette eau qui a tant de peine à garder la forme, mais dont les petites molécules se serrent assez les coudes pour présenter un front uni aux ennemies aériennes qui se disent libérées et parviennent à en persuader quelques-unes de jouer les filles de l’air.

  Et puis il faut du détergent, un bon produit à vaisselle dont les longues molécules sont tiraillées par les goûts contraires de leurs extrémités. La vie n’est pas facile quand on veut vivre continuellement la tête dans l’eau et les pieds au sec ...
  Voilà pour les produits. Il ne manque plus que l’instrument, un peu magique lui aussi comme tous les anneaux, ceux du cirque, du sport ou des alliances. Un anneau donc que le bullomane, comme le bullologue, va passer dans le liquide pour en ressortir une tranche. Oui, de l’eau en tranche ! Enfin pas que de l’eau, ses petites molécules ne pourraient pas résister toutes seules, sur deux fronts, aux bombardements aériens. Non, elles ont leurs gardes du corps, les grandes de la lessive, qui les aiment tant d’un côté et les fuient tant de l’autre. Sur les deux faces, elles resserrent les rangs pour présenter à l’ennemi la surface la plus petite possible. Elle peut se déformer sous l’action d’un courant d’air un peu plus agressif, mais revient comme un élastique à sa position de repos dès que cesse l’agression.  
    Revient, revient ... sauf si le courant d’air est assez fort pour arracher la membrane liquide de l’anneau qui l’a maintenue jusque là, l’obligeant à trouver le salut dans le repli sur elle-même, ou à disparaître prématurément.

Bulle de vie ! Vie de bulle !
      
   
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