Mamie m'a dit ...

   Chronologie 2000 ...

 4 Septembre
 La Venise verte
  Marin d’eau douce ! Je me suis déguisée en marin d’eau douce ce dernier samedi.
  La honte quoi ! Une honte délicieuse que j’ai bue avec gourmandise et que j’aurais voulu prolonger.
  Mais les bonnes choses ne le seraient plus si elles donnaient faim sans fin (bon, je sais ...)
 
  Le marais poitevin, la Venise verte des dépliants touristiques n’est pas loin de l’océan dont il a été séparé progressivement par quelque décision plus ou moins intéressée de Henri IV, je crois.
  Les signes de sa proche présence m’ont paru pourtant infimes : l’allure des nuages, un fond de vent marin, une certaine humidité de l’air ...
  J’ai donc embarqué à bord d’une plate locale malheureusement adaptée pour les besoins du confort et de la sécurité : dossiers rembourrés, gilets d’une couleur à gâcher les photos, pagaies plus facile à utiliser que la traditionnelle pigouille ...
  On va pas se plaindre quand même !
  Mes talents de pigouilleuse ne m’auraient pas emmenée bien loin.
  La quiétude et le confort m’ont sans doute permis de voir, entendre, sentir, percevoir enfin un peu mieux les quelques éléments auxquels un touriste peut accéder en quelques heures.
 
  Les lentilles, d’un vert plutôt lumineux sous le vert ombrageux des grands arbres.
   Des flopées de canards que les coups de pagaie délogent parfois des rives.
  Un jeune ragondin abélien dont notre passage interrompt à peine le repas de lentilles (bon, d’accord ...).
  Une poule d’eau, sarcelle, je ne sais, ..., qui fuit là-bas sous les branches basses.
  Tiens ! un héron imperturbable tant il se sent bien caché dans l’écart jadis confectionné par les extracteurs de l’argile consommé par les briqueteries locales. (Ouf !)
  Et toujours ce tapis de lentilles qui rendent lourdes les pelles des pagaies et ralentissent les embarcations.
  De temps à autre, des touffes de plantes aux grands développements aériens et aquatiques : la caulerpa taxifolia du marais, un danger dit-on pour les lentilles.
   Et partout des traces de la tempête du siècle, des grands arbres couchés sur les mottes, la terre du marais emprisonnée dans leurs racines fournissant encore l’alimentation pour une dernière pousse, une dernière floraison, en attendant les bûcherons débordés.  
  Un dernier coup de pagaie. La plate est au port. Les photos sont dans la boite. Le rêve est dans la tête et les courbatures dans les épaules.

  Bonsoir.
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 11 Septembre
 Le four à pain
  Mon nez s’est approché ce matin de l’envers du dossier de ma méridienne.    
  Je n’en ai pas perdu le Nord, non. Mais l’espace d’un instant, ce nez s’est souvenu de l’odeur de la petite éponge cylindrique avec laquelle j’essuyais mon ardoise au temps jadis.  
  Mais là n’est pas le propos de cette semaine. Quoique ... ce sont également des senteurs de ma jeunesse que j’ai retrouvées autour de la dernière chauffe d’un vieux four à pain voué à la démolition, sauf à espérer quelque recours en grâce.
  Des odeurs, des images et des gestes.  
  Je me suis revue ajoutant la poignée de pâte à pain sauvée de la fournée précédente pour donner à nouveau le levain au mélange de farine, de sel et d’eau attendant dans la maie.
  Pétrir encore et encore. Mettre la pâte en boules. Disposer les boules quelques heures sur les "runches", couvertes d’un linge et d’un édredon le temps que la pâte lève.  
  Les fagots de chêne, genêts, lande, ... étaient introduits par la porte étroite du four, enflammés sur la pierre, doucement, progressivement.
  Un grand racloir retirait la cendre, une serpillière bien humide au bout d’une perche nettoyait la pierre à coups de grosses bouffées de vapeur.   
  Les boules de pain pour la semaine étaient enfournées d’abord, suivies parfois des pâtés et rôtis venus du cochon sacrifié, plus souvent des pommes et pains sucrés nous tenant lieu de gâteaux.
  Beaucoup de gestes, des images innombrables, et des odeurs, des odeurs ...
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 18 Septembre
 Le déséquilibre du marin
  Le déséquilibre est la condition du marin en mer.      
  Un marin équilibré ne se rencontre qu’à terre.
Encore que ...
Parfois.
Rarement finalement, vous ne trouvez pas ?
     Accompagner le roulis, anticiper la houle, exister avec la mer, sans ignorer que cela peut devenir difficile, mais sans imaginer que le pire puisse gâcher le plaisir ...
  C’est le mouvement du marin qui le maintient sur le pont.
La stabilité par le déséquilibre ... paradoxal, n’est-il pas ?
        
  Un quelconque récipient bien assis sur son derrière n’a aucune chance de conserver sa place à bord.
     Sauf à avoir ce derrière bien collé sur son support, une bonne dose de sa liberté étant alors passée par dessus bord.   
         Mais serait-il encore capable de conserver un contenu quelconque, d’être encore un récipient ?
  La mobilité du verre que la chanson dit toujours présent dans la main du marin convient mieux dans ces conditions.
        
        
  Il me plaît bien d’associer l’image du marin sur son bateau à celle du passager de la vie.   
  Se maintenir en surface en faisant corps avec elle, y remplir ses récipients sensoriels, intellectuels ou métaphysiques requièrent le mouvement et donc le déséquilibre dynamique qui le précède.

Non ?
        
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 25 Septembre
 Le kiki-coco
  Le kiki-coco est un détecteur d’ondes cosmiques.  
    Lorsqu’il est mis entre les mains d’un(e) spécialiste, bien sûr.  
  Moi, vous me connaissez ?
  Mon scepticisme scientifico-gaulois me faisait douter des capacités de ce petit objet rudimentaire, dépourvu d’électronique, d’informatique, de tout en tique ...
 
    Cette petite tringle de bois exotique (tiens, un «tique» quand même !) me semblait bien inerte sous ses encoches régulièrement espacées.
  La petite pale trop plane pour jouer les hélices me semblait bien incapable de s’animer sous l’action de la main la plus ferme, sans parler de celle du rayonnement cosmique.
  Et pourtant, elle tourne.
  Je l’ai vu.
     
  Evidemment, les médiations sont souvent complexes dans ce domaine des ondes et le mode d’emploi (le protocole expérimental des géniteurs d’apprenants) doit être respecté scrupuleusement :   
  Les ondes cosmiques se déplaçant dans un champ tournant intentionnel, l’orientation du détecteur est sans importance.
  Saisir fermement l’extrémité A entre le pouce et l’index d’une main, de façon à la stabiliser dans le référentiel spatio-temporel environnant, les encoches orientées vers l’espace.
  De la main restée libre, frotter le détecteur au niveau de ces encoches, d’un mouvement de translation alternatif tribo-mécanique, de façon à impulser les vibrations nécessaires à la mise en résonance cosmique du détecteur.
 
  Le système est alors réceptif. Il suffit de prononcer fermement «kiki» pour voir la pâle pale (mais on peut la peindre à volonté) se mettre en rotation dans le sens du temps qui s’écoule.
  La confirmation que les ondes détectées sont bien de nature cosmique et non pas seulement métaphysique est obtenue en prononçant un peu plus faiblement «coco».
  La pale pâle (cf. précédemment) doit alors s’arrêter et prendre un mouvement de rotation inverse, c’est à dire dans le sens qui remonte le temps.
 
  Il m’a fallu du temps pour appliquer le protocole de façon convenable. Mais j’y suis parvenue. Ca marche !
  Les ondes cosmiques existent, je les ai détectées.
     
  Hors plaisanterie, ce petit objet mérite le détour et l’étude (inachevée et sans doute inachevable en ce qui me concerne) de son fonctionnement ne nécessite pas de s’égarer dans le cosmos.   
      Si vous voulez en savoir (un peu) plus ... c'est par ici :
   
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