Mamie m'a dit ...

   L'humeur de la semaine ...

 5 Février
 Iles du Ponant
 
Non je n'ai pas de photos.
Non je ne suis pas allée voir.
Rien à voir.
Rien à montrer.
Une infortune de mer ne se partage pas.
Elle se vit.
Certains en meurent.
 Je venais de voir, comme beaucoup j'espère, les conditions de vie (de survie ?) de certains équipages en mer d'Iroise, en mer d'Irlande, en mer de Béring, en mer de chez nous .
 Sûr qu'il faut l'aimer la mer pour l'accepter comme elle est très (trop ?) souvent : ventée, humide, froide, glacée, épuisante, dangereuse.

 Je venais de voir des gens de mer vivre leur bateau, leurs navigations, leurs marées.
 Des patrons de pêche discourrant de la ressource, l'œil en alerte, la main sur la barre, le corps entier à l'écoute, en attente, en veille.
 Des matelots arc-boutés sur le pont, l'épissoire à la main, le couteau étripeur furtivement frotté sur la pierre ou bien simplement le regard posé sur la vague incertaine.

 Des vies en mer quand la mer vit trop fort.
 
Et puis j'ai entendu la sirène, les pompiers, les secours.
Pendant des heures, de La Turballe, de Guérande, de La Baule, les gyrophares sont accourus vers la plage.
Un grand malheur sans doute.
En mer peut-être.
 Non, je n'ai pas vu.
 J'ai appris par la suite, parce que d'autres ont vu pour moi, ont osé filmer l'agonie d'un bateau, n'ont pas craint de suggérer les images tapies sous une coque retournée sur le sable.
 Une nuit d'images de navire en détresse, d'hommes à la mer, seuls.

 Il n'y avait personne pour entendre, personne pour voir.
     
 

 19 Février
 Mots couverts
  Pour la première fois depuis 2 ans, c'est une semaine de quinze jours qui commence ce 5 février : Mamie s'absente, Mamie voyage, Mamie batifole, Mamie n'est plus à son clavier. Elle vous racontera sans doute ...
 
 
Moi, vous me connaissez, l'envie d'aligner les mots me précipite vers le clavier. C'est pas souvent des réussites, mais ça me fait plaisir. M'enfin ...
Ce matin pourtant, ils sont plus là, les mots. En tout cas pas dans la tête où je les trouve d'habitude. J'en trouve bien un peu en tapotant sur les touches comme je le fais maintenant. Mais ça fait pas bien, vous trouvez pas ?
Je sentais bien, cette nuit, que ça n'allait pas. Parce que c'est la nuit que se construisent les phrases avec lesquelles on va vivre pendant la journée. Vous ne le saviez pas ? Mais si ! Defrag, scandisk, cleansweep, viruscan, winzip, ..., tout ça est à l'œuvre pendant votre sommeil. Et vous vour réveillez tout neuf avec un disque pas trop dur et un tantinet musical dans la tête.
En principe, parce que la nuit dernière, j'ai dû bugguer. Les mots se sont cachés derrières les images : séismes et big waves relayaient leurs impressions au détriment des mots pour les écrire.
Curieuse idée quand même que de comparer le cerveau à un ordinateur. Quand l'un boit les images mais doit mâcher les textes, l'autre rame en bmp, jpg et consorts, mais surfe sur les mots. Pauvre clavier qui doit lier ces deux mondes !
Bon, mieux vaut cesser là et attendre le flot. Demain sera un autre jour ...
 
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 26 Février
 Hôtesse de l'air
Toute ma vie j'ai rêvé d'être une hôtesse de l'air, chantait Dutronc.










Le transport aérien n'a jamais été mon rêve. Sans doute pourrait-il être celui d'une sardine dans sa boîte métallique, du badaud sous le périph parisien, ou du mouton dans sa bétaillère. Pas bouger, se mettre des paupières aux oreilles, subir et laisser faire.
S'envoyer en l'air est pourtant une bonne façon de voir le bas d'en haut.
De là où l'œil du poisson découvre que la Terre est Globe, que la Lune peut être intime, que le Soleil joue à saute-temps ...
De là où l'esprit du promeneur peut partir en ballade, d'une mosaïque à une autre, d'une ondulation à une autre, de points de vie en lieux d'activité ... tout y est invitation à imagination, interprétation, reconstruction du monde autour des images.
Et -c'était inévitable- de là où l'ovin de service se sent quelque peu coq* sur son clocher, observateur condescendant des toisons solitaires ou très denses, étincelantes de santé ou désagrégées dans de somptueux effilochements.
Mes maigres ressources ( ;o) ne me permettent pas d'abuser d'un transport qui reste pour moi un moyen d'aller d'un point à un autre de notre bonne vieille Terre, comme beaucoup de transports**. La rareté de l'événement m'aide sans doute à le trouver magique, à y trouver du rêve que les hôtesses de l'air qui m'ont accompagnée ne semblaient plus trouver.
* Le coq-ovin, vous connaissez ?
** Je vous laisse recenser les contre-exemples.
   
 
   
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