Mamie m'a dit ...

   L'humeur de la semaine ...

 7 Mai
 Un pont, c'est tout.
 
Images de mots,

Maux d'images.
           
Le grand fleuve se balance sous le pont, un peu fébrile , un peu craintif.
Le passant tout là-haut s'encanaille de brume, détourne le regard, cherche ailleurs.
Le grand fleuve n'est plus tranquille.
           
 
La rive de son devenir est pourtant lumineuse, les boues qu'il véhicule s'y déposent en sables blonds, les grains de passé décomposé de la rive opposée s'y rassemblent comme châteaux en Paradis ...
 
           
Mais là-haut, le passant est dans son nuage, et le fleuve devenu inutile sous le fil de son eau est inquiet.
Sa surface lourde et sombre lui renvoie une image ridée qu'il connaît trop bien, l'image que les mots construisent les jours de brume.
Une image de solitude entre rive gauche et rive droite, une image de mots qui font mal.
         
           
Les pavés du pont luisent faiblement. Le passant s'est arrêté, le regard perdu dans la bulle impalpable. L'ailleurs un instant entrevu s'est figé, replié, mis en mémoire. L'ailleurs est intérieur. Il y vit, s'y nourrit, s'y développe, s'y métamorphose. Son image s'y déploie jusqu'à l'ankylose et la douloureuse raideur tétanique.
           
Là-haut, sur le pont, dans le brouillard, un passant cherche la rive dans sa tête ...
 
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 14 Mai
 Hoëdic en terre
 
Pourquoi aller pêcher au large puisque Hoëdic est au large ?
Hoëdic en mer ...
 
 
... est aussi Hoëdic en terre cette semaine

en terre, sable,
pierre et bitume

un peu sauvage,
un peu domptée

toujours chaude à parcourir

jamais facile à découvrir ...
 
     
Mais chut !

Regardez ...
 
       
   
   
       
       
 
 
       
 
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 21 Mai
 Scipiocampe
Vous avez vu ?
C'est l'printemps !

Il fait pas encore beau, mais ça commence à rigoler du côté du thermomètre.

Ça vous débloque pas les neurones en charge des projets de vacances ?

 
  Moi, si ! Et pas que moi, Scipio également. Je l'ai retrouvé ce samedi matin sur la cale de carénage de La Turballe, attendant sagement qu'on viennent l'étriller, le brosser, le pomponner.
Ben non, Scipio n'est pas un cheval marin, genre monstrueux hippocampe, pas même un fier coursier des mers. Mais il a de l'imagination et se verrait très bien dans le rôle de Jolly Jumper chevauché par Helen MacArthur dans le rodéo des quarantièmes rugissants. Sans doute un effet pervers du festival de Cannes.
Ses béquilles obligées ne lui donnent pourtant pas un air de fête ; mais il a l'air content, non ? Il se dit sans doute que la bride dans les chaumards de ses pavois blancs va bientôt faire place aux caresses de l'air du large ... et que ça, c'est pas du cinéma !
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 28 Mai
 Brouillons révélateurs
   Quel prénom ont-ils dit à la télé ? Ferdinand ? François-Ferdinand ? Non, ça c'était le prénom d'un autre ... Qu'importe ! Son manuscrit s'est vendu très cher à un grand amateur de ce Monsieur Céline, à un collectionneur, (ou bien encore à un affairiste). A moins que ça ne soit à une collectivité, auquel cas le prix a peu d'importance pour l'acheteur puisqu'il s'agit de nos sous.

Mais bon, là n'est pas mon propos.
 
    Non, ce que j'ai vu ensuite à la télé, c'est le manuscrit lui-même, tout raturé, biffé, annoté, tout penaud, tout honteux de se retrouver nu sous le regard exorbité des analystes, disséqueurs, coupeurs-de-cheveux-en-quatre de tout poil. What a pity !  
    J'aime à penser que le don n'est rien sans le travail qui le met en œuvre, que, même, l'activité laborieuse de la fourmi engrange plus de résultats que la facilité musicale de la cigale ; il me déplaît pourtant d'être en mesure de deviner le labeur sous le chef-d'œuvre. Les ratures de l'écrivain, la transpiration du danseur, les hésitations du peintre, les répétitions du comédien, les longues préparations du prof (;o) doivent disparaître lorsqu'émergent le texte, le ballet, le tableau, le spectacle, le cours.  
    Accéder à une oeuvre par ses making-off ne revient-il pas à s'en emparer par une porte dérobée, comme un voleur ? À travers une vitre sans tain tel un voyeur ? Sans doute pourrait-on percevoir dans le frémissement de la pointe bic, sous la correction hésitante, derrière le coup de gomme rageur, les humeurs de l'écrivain et donc la plus ou moins bonne tenue de ses affections, le plus ou moins bon déroulement de ses digestions ... La confusion est au bout de la fusion du virtuel et du réel qui l'a créée.  
    Peut-être Louis-Ferdinand Destouches, dit Céline, (eh oui, le jeune Larousse ...) aurait-il apprécié les commodités d'une informatique capable de livrer un document sans son échafaudage, au grand dam sans doute des tous ceux qui voudraient que l'échafaudage fasse le bâtiment.  
           
           
 
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