Mamie m'a dit ...

   L'humeur de la semaine ...

 
 2 Juin
 Les pieds dans le chapeau
 
       
Stop ! Mes pieds, stop ! Ne fuyez plus ! Mes chaussettes ont de plus en plus de mal à vous atteindre pour vous tenir au chaud. Les ciseaux ne parviennent plus à parer vos ongles dans de bonnes conditions. Vous ne regagnez vos chaussures qu'avec l'aide de chausse-pieds à grande tige.

Que faut-il vous promettre pour que vous restiez près de moi ? Quelle nouvelle jeunesse plus-je vous offrir pour que vous me trouviez à nouveau séduisante ? Un peu plus de souplesse dans nos relations, de lubrifiant dans les articulations ? Des entretiens plus réguliers, plus authentiques ?

Allons mes pieds, posez vous. Vous êtes trop près du sol pour ignorer qu'il est votre frontière et qu'entre lui et moi votre marge de manœuvre est étroite. Je vous tiens bien. Je tiens à vous, même si je dois me poser moi aussi, à genoux. Pausez-vous et causez moi. Faites-vous dociles pour vous laisser couvrir du coton douillet, vous laisser glisser dans le souple cuir, vous laisser enlacer. Boucle, contre-boucle ... doucement ... là, c'est fait ! Allez mes pieds, debout ! Marchons !
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 9 Juin
 Réponses
 
       
  Au début de cette cinquième année de pages hebdomadaires, mamie m'avait dit de prévoir un classement fondé sur le temps. Pas le temps qu'il fait, mais plutôt le temps que nous faisons, que nous créons à coups de décisions, et que, finalement, nous avons à vivre. Chacun vit, en ayant vécu, et en projetant de vivre encore. Entre les leçons du passé et les perspectives du futur, le présent est l'instant du questionnement et des réponses à y apporter en fonction de celles-ci et de celles-là, mais aussi de sa propre nature. Un peu comme un système physique évolue d'un état connu à l'inconnu suivant en fonction de ses lois d'évolution propres.

Regrets, Perspectives et Souhaits, Questions, Réponses sont donc les grands tiroirs de cette année 2003. Cela semblait bien vu, non ? Pourtant l'un d'eux paraît bien grand pour son maigre contenu : le tiroir Réponses. Mamie n'aurait-elle que des points d'interrogation dans sa panoplie ? Sa seule certitude serait-elle la réalité de ses doutes ? Sans doute !

Mais la permanence du vide relatif du dossier Réponses elle-même n'est pas certaine. Rien n'est figé ! Mamie refuse d'ailleurs d'être comparée au système physique à l'évolution prédictible : elle a voulu une rubrique Errances qui ne trouve sa place dans l'étude des choses de la nature que parce que nos lois sont trop grossières et nos ordinateurs encore beaucoup trop faibles pour aller au bout du bout de certaines prévisions. Comme un chaos en genèse permanente, générateur d'ordre, et donc de réponses …
 
       
       
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 16 Juin
 Pluie médiévale
 
       
Pas de chance pour la fête médiévale cette année : Guérande avait les honneurs de la pluie.

Bien sûr, de la pluie, il en faut ...

Mais le pays blanc, le pays du sel est réputé pour son micro-climat ensoleillé et venteux qui lui permet justement de produire ce sel.

Dommage pour les organisateurs, participants, acteurs. Autant d'investisement en temps, effort, argent aurait mérité un autre sort.

Dommage pour les spectateurs, voisins curieux, connaisseurs venus de loin parfois, touristes de passage heureux de l'aubaine.

Les parapluies étaient de sortie et ne faisaient pas vraiment "époque". Ne faisaient pas même "coin de paradis" tant ils paraissaient dérisoires au dessus des flaques d'eau.



Les défilés du dimanche matin ont quand même laissé entrevoir ce qu'aurait pu être la fête si les dieux médiévaux en avaient décidé autrement.

Des chevaux, des manants, des nobles dames, des musiciens, des dresseurs, des amuseurs, des hommes en armes et en armure ... beaucoup de couleur, de "flamboyance", de gaîté et, finalement, de chaleur.

Acteurs et spectateurs en avaient bien besoin ...
 







































 
       
       
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 23 Juin
 Jo le rameur
 
       
Cette semaine, j'ai rencontré Jo. Jo Le Guen. Vous savez, le grand gentil fou qui rame sur les océans. Enfin, qui a ramé. Parce que sa dernière traversée risque bien d'être l'ultime, vu qu'il y a laissé ses orteils, un peu de sa santé, et qu'il aurait bien pu y laisser sa vie.  
 
  La vidéo réalisée à partir de ses prises de vue à bord me plaît beaucoup. J'y ai vu un marin, un homme de l'eau et du vent, un homme qui calcule, qui prévoit, qui interroge, un homme qui regarde, observe, communique, communie. Avec la nature, la nature globale dont la richesse n'éclate jamais autant que dans la pauvreté des déserts, qu'ils soient de sable ou d'eau. Bonsoir le soleil, ton départ est toujours un pincement au coeur, on se reverra demain ... Toi la vague facétieuse sur mon travers, dis toi bien que je te surveille ... Salut les albatros, toujours en vol ? de quelle terre venez-vous ? sur quelles terres vous poserez-vous ?
 
J'y ai vu un homme. Un homme seul en manque d'autres hommes dans la longueur du temps. Qui parle, se parle, chante, se fait des cinémas pour le seul autre présent dans sa petite barque : lui-même. Un homme bloqué dans sa détermination initiale au point que la douleur des pieds gangrenés n'est qu'un élément de l'aventure, un risque supplémentaire, pas plus important, pas plus fatal que la chute à la mer dans ce désert ou le bris du bateau dans ces vagues monstrueuses. Mais, contrairement aux "fortunes" de mer possibles, la maladie était là, présente, dévorante. Et c'est encore un homme qui a dû choisir entre l'abandon de la course, et l'abandon de la vie. Gloire contre gloire ... mais pèse-t-on encore dans ces moments-là ? Dis-moi, Jo ? ...  
 
  Keep it blue. C'est le nom qu'il avait donné à l'embarcation qui devait l'emmener de Nouvelle-Zélande au Cap Horn. Gardez-la bleue ... Pendant que les coups de rame de Jo Le Guen criaient ces trois mots à la surface de l'océan Indien, le pétrole de l'Erika noircissait la "grande bleue" - plutôt verte - de chez nous, engluait les rochers du Croisic, recouvrait le sable de La Turballe, ... Keep it blue !
 
Les mains de Jo Leguen ne se refermeront sans doute plus sur des avirons, mais l'homme a décidé de ramer désormais sur un autre océan, un océan encore à la mesure de sa témérité, de sa combattivité, un océan sournois, inhumain, impitoyable. L'océan noir du profit sans scrupule. Il rame fermement, obstinément, mais sans illusions excessives : il sait bien que la mer de la Sérénité, c'est sur la Lune ...  
       
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 30 Juin
 Suspensions
 
  Chaud
Sur la grève, le sable
Bac à penauds
Échec aux maths
Fiasco
   
  Dire
Sous les maux, le sens
Justice à rire
France en souffrance
Écrire
   
  Sale
Dans la mer, l'huile
Monde bancal
Soutes à bile
Vandales
   
  Joie
Sur mon bateau, la vie
Vent de noroît
Barre des amis
Émois
   
     
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