Mamie m'a dit ...

   L'humeur de la semaine ...

 
 1 Septembre
Voir avant ...
 
     
Gouverner, c'est prévoir aurait dit je ne sais plus qui. (*)  
  J'ai bien l'impression que les vagues qui assaillent les embarcations-nations sont trop rapides pour leurs gouvernants dont les coups de barre sont devenus trop lents, désordonnés, et donc dangereux pour les équipages-citoyens.  
  Il me semble que les hésitations de nos politiques ne relèvent même pas du pilotage à vue, non. Simplement de l'absence de pilotage. Que leur tergiversations n'on rien à voir avec le louvoyage du skipper qui veut atteindre son but contre vents et marées, non. C'est le but lui-même qui fait défaut, qui est dilué, diffus, multiple.
Les exemples sont trop nombreux. Tenez, vous souvenez-vous de l'époque où les médecins étaient jugés trop nombreux pour assurer un revenu normal à chacun, la retraite trop tardive pour laisser la place aux jeunes, les champs trop petits pour une agriculture rentable, l'hectare cultivé jamais assez productif ? …  
    C'était il n'y a guère. Les rengaines et consignes d'aujourd'hui ont bien changé. Pas assez d'infirmiers, d'urgentistes, de médecins de proximité … La retraite retardée … Des subventions pour replanter les " haies bocagères " … Des terres en jachère …
 
   
Les effets de la canicule (pas encore la sécheresse) qui a secoué l'arbre de vie de nombreuses personnes préalablement affaiblies par l'âge ou les aléas de l'existence au point de les en faire chuter étaient prévisibles.  
   
  Les nations discutent depuis vingt ans de l'effet de serre sans parvenir à convaincre les états de prendre des mesures réparatrices, pour ne pas dire salvatrices, qu'ils soient totalitaires ou démocratiques et donc insensibles à tout ce qui ne concerne pas leur compte en banque ou leur cote dans les sondages.

Le nombre des victimes était prévisible puisque notre pyramide des âges est d'autant plus fragile que son sommet s'étoffe, et que les gens de ce sommet-là sont souvent délaissés par l'État qui dit ne plus avoir de sous et par les familles qui pensent ne pas avoir de temps.
     
Gouverner, c'est prévoir. Mais l'État n'est pas en état de gouverner la prochaine canicule, non plus que le nombre de personnes à risque qui devront affronter cette canicule. Je me suis laissée dire qu'il envisage de prendre des mesures pour inciter les familles à s'occuper de leurs anciens. Une petite fuite en avant vers le passé, vous ne trouvez pas ?
       
    (*) Je m'aperçois que je n'ai jamais su … Il s'agirait de Émile de Girardin, publiciste et homme politique (Paris, 1806-1881), Pour la petite histoire, AltaVista donne 228 réponses pour " Gouverner, c'est prévoir ", alors qu'il n'en donne que 99 pour " Émile de Girardin ". Le mot a dépassé son auteur !
     
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 8 Septembre
Le bon temps
 
     
  Ah le bon temps de la marine à voile ! Le temps des fiers vaisseaux fendant la mer et les flots, le temps où c'était régate tous les jours pour les équipages des sardiniers turballais en route vers la criée. Le bon temps ...

  Le bon temps ? La campagne morbihannaise de ma jeunesse était trop éloignée de l'océan pour que je puisse participer à ce monde en blanc et bleu, aux chants si colorés : ma petite mer à moi avait le gris boueux du bouillon de la ferme ... Trois rencontres de ce dernier été m'ont pourtant appris ou rappelé que cette époque n'est pas (pas seulement) dans les belles manifestations qui voudraient la faire revivre : gueuler les vieilles rengaines entre deux verres de bière, envoyer pics et flèches sur des vieux gréements convenablement dieselisés disent peu de la vérité de la vie d'alors.

  J'ai d'abord rencontré l'île de Sein, son histoire et sa misère. Aucune image de navigation paradisiaque ne m'est venue sur ce caillou, dans ce dédale de roches, ces courants tournants. Pas de bon temps possible quand il faut piller pour se chauffer, s'échiner pour cultiver, s'exiler pour vivre ...

  Une émission d'Isabelle Autissier sur la marine à voile en a remis une couche. Non, les sabots c'est pas pratique pour monter dans la mâture ; oui les marins détestaient leurs conditions de vie ; non, ça n'était pas du bon temps, ni en mer, ni sur la terre qu'ils devaient quitter pour survivre.

  Et puis, et puis, je suis entrée dans un village troglodytique du saumurois. La cour était aussi propre que la carène d'un ancien gréement tout neuf, les outils bien rangés, les foyers décendrés, les tables essuyées, les étables aseptisées. Pas de bruit, les cris du voisin tout proche, le criaillement des poules en quête des miettes tombées sur la terre battue de l'unique pièce, les coups de marteau du tonnelier, le bêlement des chèvres, le choc des sabots se décrottant sur le pas des portes, le tintement des brocs ramenant l'eau du puits ... Pas d'odeurs, l'odeur piquante du feu de bois s'échappant des pièces enfumées, l'odeur de la soupe, des crottes de poules, des litières, des seaux de la nuit ... Pas de pluie inondant les sols enterrés, s'infiltrant dans les toits de calcaire ; pas de vent, pas de froid en ce mois d'août caniculaire. Le parcours de ce village vide m'a rappelé ma petite cour de ferme à moi, vivante de tout ce qui me semblait manquer à ce cadre idyllique mais qui devait faire que le temps des troglodytes n'était pas forcément du bon temps.
 



     
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 16 Septembre
M'aigrir en psy
 
   
  Si je m'aigris, je maigris ? Mais oui !
Si je maigris, je m'aigris ? Mais non !
Si je m'aigris, je maigris, donc je ne m'aigris pas. Mais si !
 
  Bon, bon ... pas trop fatiguée, mamie ?  
  Ben non ... pourquoi ?  
  Je ne sais pas. Tu devrais peut-être consulter, les psy savent bien maintenant détecter dans nos petites têtes les petites anomalies qui ne demandent qu'à grossir pour nous aigrir le caractère.  
  Oui ? Tu crois ? ... Mais non, je ne vois pas, j'ai pas de problème, moi !  
  Mais si ! Il s'en est passé des choses dans ta vie, mamie ! Des événements heureux et malheureux. Tu as enjolivé les premiers et oublié les seconds, enfouis dans ta mémoire comme des kystes prêts à s'enflammer au premier remue-méninges. Il faut que des spécialistes les remontent jusqu'à la surface de ton subconscient, t'aident à les métamorphoser pour qu'ils s'épanouissent positivement dans une conscience renouvelée de ton vécu ...  
  Aïe, aïe ! Et ça fait mal tout ça ?  
  Souvent. C'est comme pour l'extraction d'un kyste, tu vois.  
  Un peu ... mais ça me paraît bien compliqué ! Si tu dis que le Bon Dieu nous a fait avec une mémoire sélective qui ne retient que les bonnes choses, c'est qu'il devait bien avoir une idée derrière la tête, comme celle de nous donner un moyen de nous aider à vivre des vies pas toujours faciles. Tu ne crois pas ?  
  Mais le kyste ? ...  
  Eh bien, pourquoi ne pas aller dans le sens du Bon Dieu ? Favoriser l'oubli, laisser mourir naturellement les synapses qui mènent aux restes des souvenirs malheureux, renforcer les autres autour d'un passé propre à vivre normalement le présent. Même avec les petites anomalies dont tu parlais : elles sont un pigment supplémentaire dans le nuancier affiché par chacun. Non ?  
   
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 23 Septembre
Des croisées sur La Turballe
 
 
  Cette semaine, mamie a pensé que des mots croisés vous feraient plaisir. C'est l'un de ses nombreux dadas ... surtout quand ils parlent de La Turballe !  
 
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 30 Septembre
Bcuohe bée et mtoéhde gablole
 
     
Sleon une édtue de l'Uvinertisé de Cmabrigde, l'odrre des ltteers dnas un mot n'a pas d'ipmrotncae, la suele coshe ipmrotnate est que la pmeirère et la drenèire soit à la bnnoe pclae. Le rsete peut êrte dnas un dsérorde ttoal et vuos puoevz tujoruos lrie snas porlblème. C'est prace que le creaveu hmauin ne lit pas chuaqe ltetre elle-mmêe, mias le mot cmome un tuot.





Étonnant, non ? Je ne suis pas sûre que l'Uvinertisé de Cmabrigde soit à l'origine de cette découverte dont Internénettes porte les échos multiples depuis quelque temps. Mais je dois avouer que je suis restée bcuohe bée : j'ai lu une bonne partie du texte avant de m'apercevoir qu'il y avait un problème d'écriture systématique des mots.
Bien sûr, ce texte n'est pas trop technique et les mots s'enchaînent logiquement, le mot suivant se déduisant du mot précédent. Il faudrait que l'Uvinertisé de Cmabrigde poursuive son étude en établissant la relation mathématique devant exister entre le niveau de spécialisation du texte et sa facilité de lecture. On sent bien pourtant ce que la construction de cette formule a de vain : depuis De Gaulle, il est établi que la facilité ne mène à rien de bon et n'est donc pas un paramètre pertinent pour l'étude des comportements humains. D'ailleurs, s'il était prouvé qu'une telle relation - F(x), par exemple - existe bien, elle se détruirait d'elle-même puisque si on fait F(x), on ne ferait plus K(x). Bon je sais, les sciences dures ...
Il n'en reste pas moins que je suis surprise de constater que le cerveau humain obtient naturellement des résultats analogues aux productions des algorithmes de compression, jpeg, mp3, mpeg et consorts. Un fichier texte lui est accessible de façon peu dégradée s'il est constitué de mots placés dans un contexte, avec un début et une fin bien définis et liés seulement par le nombre et la qualité des lettres qui les séparent, sans tenir compte de leur ordre, ce qui réduit énormément le besoin d'informations pour décrire chaque mot. Étonnant, non ?
     

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