Le Bon Dieu a bien fait les choses,
il les a faites périssables.
Les agressions chimiques des éléments, les destructions
mécaniques réciproques, les compétitions
biologiques dissolvent perpétuellement les objets, les
paysages et les êtres dans la grande soupe naturelle.
Bien heureusement. Il faut bien que les falaises retournent à la
mer pour faire place aux productions des volcans, que la vie
redevienne poussière pour que qu'elle puisse renaître,
que les constructions humaines se délitent au profit
d'autres réalisations plus adaptées, plus performantes.
Peut-on imaginer la Terre comme une coquille
vidée de
ses entrailles, un Homme naturellement immortel, définitivement
figé devant l'importance d'une vie possiblement éternelle,
envahissant le Globe de presque 100 milliards d'individus ?
Peut-on imaginer les montagnes d'objets impérissables
devenus inutiles qu'il faudrait collecter et enfouir ?
Et bien oui, certains le peuvent. Les
quelques uns qui se font congeler en misant sur le progrès de la science. Ceux,
plus nombreux, qui rêvent de construire "pour toujours",
avec des matériaux impérissables, de l'inox, des
matières plastiques … Comme les cordages de cette photo
ou l'émerillon de cette autre : ils semblent narguer
les câbles d'acier attaquées par la rouille, les
panneaux de bois décomposés, les maillons de chaîne
usés.
Impérissables ? Pas vraiment. Ces cordages en plastique
déposés sous le soleil et dans le vent humide
et salé vont se désagréger lentement, très
lentement, pour faire des petits grains de plastique que les
pluies vont emmener vers l'océan, que les petits et gros
poissons vont retrouver dans leur menu planctonique, que nous
retrouverons forcément un jour dans notre assiette … pour
tapisser nos estomacs et les protéger durablement ? |