Faut-il craindre que l'anglais devienne
la langue globale, que le français disparaisse définitivement
des sons échangés
par quelques irréductibles disséminés en
quelques points de ce globe ?
Le français, mais aussi le polonais,
le breton, …, toutes ces langues faites de mots chargés
de l'histoire des peuples qui les ont forgés selon leurs
besoins, lentement façonnés dans le bain de leurs émotions,
génération après génération,
d'une guerre à l'autre, de grands malheurs en petits
bonheurs. Oui, il serait bien dommage de voir filer toutes ces
richesses.
Mais les peuples se rencontrent plus facilement
qu'autrefois, et plus seulement pour guerroyer. Ils se parlent.
Ou bien plutôt, ils tentent d'échanger idées
et sentiments sur des supports communs : quand un Polonais russophone
rencontre un Français anglophone, la communication se
pratique au bout du doigt, sur la courbe du geste, ou encore
sur la feuille blanche se couvrant progressivement d'une sorte
de mauvaise bédé dépourvue de bulles. Et
c'est alors que ces deux-là pourraient regretter que
l'espéranto ou l'anglais - cette langue si facile à mal
parler - ne soit pas l'un de ces supports communs. Une langue
anglaise qui ne pourra jamais dire complètement les choses,
elle est beaucoup trop pauvre (:o) et qui ne remplacera les vernaculaires que si les sentiments s'appauvrissent eux-mêmes.
Le latin a pu être la langue de travail de nombreuses
générations occidentales sans mettre en péril
la langue des peuples. Et pourtant, le latin était autrement
riche et puissant que l'anglais, non ?
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