|
Je m'envole pour Genève à la fin de ce mois.
La Suisse, c'est pas le bout du monde, et pourtant je pense
sans plaisir à ce petit voyage.
D'abord parce que la Suisse, ce n'est
déjà plus
chez moi. C'est l'étranger, même pas l'Europe.
Dans mon imaginaire, la Suisse, c'est le secret des banques
et des services du même nom, c'est la dictature basique
du peuple-qui-a-toujours-raison, c'est le repli sur soi jusqu'à la
xénophobie, c'est l'arrogance construite sur l'argent
des autres. J'exagère … c'est mon imaginaire, je vous
dis.
J'y pense aussi parce qu'il ne fait
pas très bon
dehors pas les temps qui courent. Sortir de chez soi est
toujours risqué, je sais bien, mais la télé nous
montre de ces choses ! Des casseurs insaisissables brûlent à tout
va, des grévistes parfois bien gras volent un ferry,
paralysent une ville, menacent de paralyser le pays à la
fin de ce mois, justement. J'exagère … c'est la télé qui
focalise, je vous dis.
J'y pense encore parce que ce voyage
va concerner des centaines de bénévoles conviés à une manifestation
professionnelle assez mal organisée dont on pourrait
avoir l'impression qu'elle ne sert qu'à remplir les
poches ou le CV des gentils organisateurs. J'exagère
sans doute … ce n'est qu'une possibilité d'impression,
je vous dis.
Bref, la machine est lancée, je pourrais déjà me
sentir dans l'avion en train de décoller, sanglé,
impuissant, si je n'avais mis mon imaginaire, mes impressions
et la télé sous le boisseau de mes occupations
forcenées quotidiennes. J'exagère, bien sûr …
|
|