Mamie m'a dit

L'humeur de la semaine

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 Quand j'étais petit, tout pitit, pitit comme ça, j'écoutais mon oreiller. Il me racontait la vie de miliiers de petits enfants comme moi qui n'avais pas encore conscience que j'étais comme eux, petit enfant. L'oreille bien collée sur le ventre du mon monde à moi, j'écoutais son agitation, ses pas secs sur des revêtements sonores, ses coups frappés sans doute pour se faire ouvrir une porte, enfoncer un clou, faire toutes ces choses que je commençais à voir faire autour de moi. Le bruit s'estompait-il, je tournais légèrement la tête sur la toile, tout doucement pour ne pas apeurer tous ces êtres que je pressentais fragiles, prêts à suspendre leurs occupations pour s'évanouir définitivement dans mon oreiller.

 Et puis, sans que je m'en rende compte tout à fait, deux petits frères sont arrivés ensemble dans mon univers. Sans doute même étaient-ils déjà là depuis un certain temps quand je me suis rendu compte que, vraisemblement, le monde allait par deux et que ces deux-là que je voyais et percevais de mieux en mieux devaient s'être échappés de mon oreiller. J'ai donc imaginé un monde de petits bonhommes identiques, allant et venant deux par deux, s'agitant au gré de mes mouvements, accompagnant endormissements et réveils.

 Je ne saurais dire quand s'est terminée l'illusion. J'imagine qu'elle s'en est allée comme s'en va le Père Noël : le doute, puis la certitude, et puis, pendant quelque temps encore, la nostalgie sinon l'envie d'enfoncer encore plus fort la tête dans l'oreiller, au cas où ...