Mamie m'a dit ...



Deuil

Un ami m'a quitté.
Un ami de longue date.
Depuis quelque temps déjà on n'y croyait plus.
Mais on voulait y croire, on s'accrochait à la plus petite chance, contre l'évidence.

Sans doute a-t-il cessé d'y croire lui-même.
Peut-être une mauvaise phrase entendue d'un mauvais conseiller, d'un mauvais médecin, l'a-t-il définitivement découragé ?

Il est parti.
Difficile de savoir de qu'on a perdu dans ces cas-là.
Pas plus facile de savoir ce qu'on a gagné : au mieux le vide de l'indifférence, au pire l'amertume et la rancoeur.


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Ô temps volé

Demain, j'ai repensé ma journée.

Je me suis revue rédigeant ce papier électronique, virtualité palpable du seul regard, avant le prochain "Sauvegarder" triomphal qui l'a soustrait à ma volonté.

Son devenir a plongé sous la puissance du doigt suspendu, sur la touche.
J'ai imaginé alors ces électricités trop compatibles que mon geste va séparer et figer en millions de paquets nanométriques ordonnés.

Le même doigt fichier-ouvrant les aura ranimé au bout d'une hibernation incertaine, leur a redonné sens pour que ce papier désordonné ait pu vous déranger.

Pardonnez-lui.


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Toile d'araignée, de mer

Si vous les entendez, ne les écoutez pas.
Leur parole n'est pas fiable.
Leurs avis sont volatils,
Leurs décisions versatiles,
Leurs propos sans mémoire.

Si vous les entendez, cherchez seulement le fil.
Le fil de leur action, déroulé autour d'eux, accroché aux oreilles bienveillantes qu'il enserre comme un grand lierre parasite sur le chêne qu'il étouffe.

Si vous les entendez, fuyez, mettez les voiles, prenez la mer.
L'araignée n'a jamais pu tisser sa toile sur l'océan.
L'écho n'y retourne pas la parole laissée au vent.
Parole.


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Vis(i)onnaire

Pas vu, pas pris semble répéter le lapin Paco 1er.

Paco Raybanne, bien entendu qui a dû chausser ses lunettes pour ne pas voir de ses yeux l'éclipse du monde que son esprit avait entrevu.

N'est pas autruche qui veut et quand Paco met le nez en terre, c'est pour y trouver des carottes, c'est bien connu.

Des carottes qui sont bonnes pour la vue puisque les lapins porteurs de verres correcteurs se font rares, c'est bien connu aussi.

Mais pas forcément bonnes pour l'esprit, n'est-ce pas Monsieur le couturier en retraite ?


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Préfecture aux champs

Des décisions préfectorales concernant le monde agricole sont prises chaque année en octobre.
Elles paraissent dans la presse du département.

Comme il est difficile de lire du 49 au bon moment quant on est 44, j'ai rendu une petite visite au site internet de la préfecture du Maine et Loire.

Pour me rendre compte que l'information recherchée n'y était pas (oserais-je formuler que je m'y attendais ?).

Mais aussi que les images dévoreuses de mémoire et donc de temps de communication ne sont que de la vieille poudre pixellisée jetée aux yeux du contribuable qui les a financés.

Les écrans de 1998 sont plus nombreux que ceux de 1999, ce qui est compréhensible pour de la pub mais anormal pour de l'info.
Hors, la pub préfectorale, je ne vois pas ...

Il n'y a pas que l'informatique et internet dans la vie.
C'est d'accord.
Mais ce sont des outils que l'administration ferait bien d'apprendre à utiliser pour ses relations avec ses administrés : les autoroutes de l'information sont dans l'impasse quand les courriers électroniques tombent dans les oubliettes d'un disque dur d'oreille.


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Pasmoiphobie

L'édito de mon hebdo (non) préféré s'étonne de l'incendie de la ferme d'un Breton installé en Corse, cette semaine.
De l'incendie et de l'absence de réaction politique à cet acte qualifié de xénophobe.

J'ai l'impression que la xénophobie qui vient de se manifester n'est que la haine envers ceux qui dérangent.
Les pointus du continent, comme les insulaires : les règlements de compte en Corse font autant (davantage ?) de victimes corses que continentales.
L'étranger, c'est l'autre, ce gêneur, cet emmerdeur tout simplement.

Et cela en fait un problème de société sur lequel les politiques doivent se pencher, avec l'aide des spécialistes.
Pas un problème politique : les auteurs de ce genre d'exactions ne relèvent pas de la tribune, mais du tribunal, de la cellule et du traitement psychiatrique.(mais alors, quid de la liberté d'être con ?).


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