Une (petite) voix dans la Presqu'île

Sérieux mais pas triste

06/02/2023

      Dans le cadre du débat national sur la fin de vie, quelques membres de notre gouvernement accompagnés de quelques spécialistes se sont rendus en Suisse afin de mieux comprendre comment ces chers voisins mettent en application leur doctrine concernant le suicide assisté.

      Rien de compliqué chez eux apparemment.

      En Helvétie, l’assistance au suicide n’est pas considérée comme un droit mais comme un acte non punissable (*). Un médecin prescrit la substance létale au demandeur qui lui semble capable de discernement, lui formule son désir de mort de manière libre, souffre d’une maladie qui engage le pronostic vital, et puisse effectuer lui-même le geste fatal. « Ce modèle repose sur la confiance, les seuls contrôles étant effectués a posteriori, par la police, pour s’assurer du respect de la procédure, ce qui conduit très rarement à des poursuites » (dixit un médecin suisse à La-Croix, excellent quotidien national :-)).

      Qu’ils sont chanceux ces Suisses !

      Nos gouvernants ont si peu confiance dans ce que pourraient faire leurs concitoyens de leurs libertés qu’ils estiment devoir créer une loi pour encadrer chacune de leurs actions, même les plus intimes comme celles que souhaite(rai)ent beaucoup de personnes en cours d’accession à la paix définitive au travers de souffrances physiques et morales qu’elles veulent cesser d’éprouver. Le besoin d’encadrer le naturel, de normer le normal, semble avoir toujours été une caractéristique fondamentale du fonctionnement d’une république française plus pyramidale que certaines royautés.

      Peut-être nos gouvernants jugent-ils également que la loi est nécessaire pour réguler l’intolérable intolérance des factions qui exigent que tous les citoyens – cons, faucons et vrais sages- pensent et agissent comme eux. Certains crient que la vie leur a été donnée, qu’ils ne peuvent donc en disposer et qu’il en est de même pour tout le monde, y compris ceux qui, faisant la part des mystères et des énigmes, pensent qu’après la mort, ça n’est plus la vie. Le respect – sans parler d’empathie – du voisin et de ses idées n’ayant pas été programmé chez les humains par les instances divines quelles qu’elles soient (apparemment), les lois seraient supposées tenter d’imposer une certaine civilité.

      Bref, la vie serait-elle si délicate que sa conduite ne puisse pas être laissée aux seuls intéressés ? Les Français seraient-ils incapables de traiter eux-mêmes sérieusement des choses (pas forcément) tristes ? Des réponses dans « Plus belle la vie », peut-être ?

(*) Dans un texte de loi relatif à l’IVG, un amendement vient de proposer de remplacer « droit à » par « liberté de », ce qui en change un tantinet la philosophie.

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