13/03/2023
Alors là, j’en suis pantois,
De stupeur je reste coi.
Quoi ! N’y aura-t-il point de trêve
Dans la course vers les grèves
Qui bordent l’océan des fous
Voulant voir le pays à genoux ?

Peut-être n’ont-ils pas tout à fait tort tous ces mécontents de l’actuel projet de loi concernant les retraites. Sans doute même ont-ils raison de protester contre le sort qui leur est promis. Mais enfin, les mêmes qui – au moment de l’apéro au comptoir du bar du coin – accusent Poutine, Assad, Kim Jung-un et quelques autres d’aller « un peu » loin dans la violence sont dans le même déni de discussion démocratique devant le barbeuc du piquet de grève. « Nous, on bloque, on ira jusqu’au bout, la balle est à Macron, c’est lui le responsable ! » . Parole de gamin : « Na ! C’est pas moi m’sieur, c’est lui qu’a commencé ! »
Nous donnons à nos jeunes une bien mauvaise image du monde adulte, non ? Comment voulons-nous qu’ils ne nous « fassent pas la gueule » à la moindre contrariété quand la société leur montre l’exemple ? Comment peuvent-ils comprendre l’importance du respect envers leurs profs, leurs voisins, leurs parents quand ils entendent les insultes envers nos responsables jugés irresponsables et voient les agressions exercées contre les gardiens de l’ordre mais aussi de la sécurité, contre les agents de la santé, de l’éducation, contre tous les empêcheurs de tourner en rond « comme je veux, na ! »
Bien sûr qu’il y a du grain à moudre dans ce dossier des retraites mais justement, montons au moulin et faisons travailler la meule neuronique. Et comme tout est lié, complexe et évolutif en ce bas monde, il est évident que le pays a besoin de la bonne volonté toutes ses têtes raisonnables – même celles qui exercent leurs capacités en dehors des bureaux – pour se pencher sur toutes les problématiques liées aux retraites. Gestion de la pénibilité, évolution des carrières, attrait par l’intéressement ou l’intérêt, adaptation aux multiples cas plus ou moins particuliers, les femmes, les handicapés, les jeunes, les vieux, les carrières multiples, hachées, ceux qui ne veulent pas faire comme tout le monde…. Gestion de l’environnement des travailleurs et de leurs familles également, de leurs conditions de vie, de déplacement, de loisirs… Bref, gestion du bien-être des citoyens jusqu’à ce qu’il soit persuadé que si le mieux est toujours possible, le mieux souhaitable n’est pas destiné à éviter le pire. Pas seulement.
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Écrite en début de semaine, sous le choc des actions aux relents grégaires de la rue et des désordres un tantinet puérils de l’Assemblée, cette humeur eût pu sombrer dans le pessimisme déraisonnable. Quelques nuits de réflexion inconsciente ont balayé les nuages noirs pour faire place à l’utopie raisonnable. Grévistes et députés ne dormiraient-ils pas suffisamment ?