Depuis quelques années, au printemps, j’attends les résultats d’une analyse qui doit décider si mon corps est encore bon pour le service de ma propre personne. Une suite de chiffres et de pourcentages en face d’un certain nombre de critères essentiels me diront si je suis toujours dans la norme ou si je dois désormais prendre en compte la dérive de l’un ou de plusieurs d’entre eux. Le ressenti est un peu celui que j’avais dans l’attente de mon bulletin scolaire trimestriel : ma moyenne se maintient-elle dans chaque discipline ou dois-je désormais m’inquiéter de quelques baisses ? Moins question alors d’être dans la norme (même si le 10/20 joue souvent ce rôle), que de progresser normalement.

Le rapprochement de ces deux sortes de résultats – santé et scolarité – établis à deux époques différentes incite à considérer leur évolution dans le temps.
Autrefois, si les anciens pouvaient s’inquiéter de tomber malades, ils n’avaient pas les moyens de s’inquiéter de savoir s’ils devaient s’inquiéter alors que « au jour d’aujourd’hui » (sic) les analyses permettent de détecter non seulement les maladies mais les prédispositions aux maladies, ce qui met une coloration divinatoire angoissante aux bilans de santé.
À l’époque de mes jeunes années, les plus diplômés n’étaient pas les seuls à être attendus sur le marché du travail et une scolarité ratée n’était pas synonyme de déclassement social inévitable alors qu’actuellement la course à une place de choix dans la vie active s’est exaspérée, incitant les jeunes à construire plutôt de bons dossiers remplis de bonnes notes – si possible meilleures que celles du voisin – qu’une bonne formation.
Et la sérénité dans tout ça ? Serait-elle au bout de la possibilité qu’un jour la détection des maladies probables spécifiques à chaque individu et l’attribution souhaitable du rôle qui convient à chaque citoyen en fonction de ses capacités se résume à un test génétique à la naissance ? Plus d’analyses médicales pour rien, plus de bulletins de notes inutiles ! Le meilleur des mondes, alors ?
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Quelques commentaires supplémentaires concernant les notes de jadis :
- les notes des « meilleurs » parvenaient péniblement à 12/20 et jamais 20/20 comme maintenant
- une certaine stimulation était introduite par le classement, désormais interdit (en principe)