25/03/2024
« Saisissez le titre » , c’est ce que me demande (m’enjoins ? m’intime ? m’ordonne ?) mon ordinateur ce matin, planté que je suis devant la construction de ma petite humeur hebdomadaire. Eh oui, c’est bien le titre qui manque à qui sèche devant la page blanche, ces quelques mots qui vont focaliser l’attention sur le nuage de mots qui vont ensuite bourgeonner.
On comprend mieux dans cette situation les variations de qualité des textes des billettistes, éditorialistes et autres chroniqueurs : tout prosateur astreint ou s’astreignant lui-même à une publication régulière tombe de temps à autre sur un jour sans, un jour vide, un jour sans titre évident.
Le mieux quand on n’a rien rien à exprimer alors qu’une expression est expressément attendue est peut-être d’entamer ce rien, d’objectiver quelque chose, n’importe quoi qui serait un peu comme cet ensemencement de sels d’argent pulvérisés dans l’atmosphère pour créer les nuages potentiellement générateurs de pluie.
On peut imaginer qu’il en est de même pour des tas de situations où le but est de créer à partir de rien, une toile blanche attendant le premier coup de pinceau, un bloc de bois brut espérant le premier coup d’herminette, l’auditoire suspendu aux lèvres qui doivent remercier à l’improviste,… Une fois lancées, les machines cérébrales sont bien capables de construire sur le vide initial, ce qu’une intelligence artificielle ne saurait faire puisqu’elle aura toujours besoin qu’on lui fournisse du grain à moudre. Le titre sort du bois une fois les instruments mis sur pause, clavier, palette, maillet ou micro. « Saisissez le titre » par exemple pour ce petit billet ?