Deux rencontres doubles
20/05/2024
En ce temps-là nous tirions des bords, ma compagne et moi, dans les
rues de la bien sympathique bourgade turballaise quand, au détour d'une
placette, elle s'écria interrogativement : " Marie-Claudine ! Vous êtes bien Marie-Claudine
(*) n'est-ce pas ? Ça fait si longtemps...".
Quelle bonne surprise en effet que de rencontrer en un lieu si éloigné
de sa bonne ville de Nantes l'ancienne institutrice de ses enfants
désormais bien installés dans la vie. Marie-Claudine nous invita dans la
demeure toute proche qu'elle avait choisie pour sa retraite. Installés
tous les trois autour d'un jus d'orange bien venu après notre petite
marche, bons souvenirs et
informations se croisèrent agréablement. Nous nous quittâmes en nous
promettant de nous retrouver, son compagnon de retraite éventuellement
joint. Deux semaines plus tard, nous naviguions dans les rues de Nantes
cette fois, sous les ponts du mois de mai, entre les multiples écueils
citadins d'une journée ensoleillée et fourmillante : piétons browniens,
trams tintinabuleurs, mobiles en tous genres dont les trottinettes trop
souvent surprenantes. "Eh bien,
quelle surprise de vous rencontrer ici !". Nous n'avions pas
vu le coup venir cette fois. Marie-Claudine et son
compagnon se tenaient devant nous, aussi étonnés que nous de se
retrouver de cette façon dans cette fourmilière. "Je vous présente Lucien... On prend un
pot ?". Tout en devisant autour de la table d'un des nombreux
bars répandus autour de la place Royale nous nous lorgnions l'un l'autre, Lucien et
moi. Sa tête me disait quelque chose et la mienne semblait lui faire le
même effet. Lorsque j'appris que Lucien habitait à Guérande, je n'y
tins plus : "Lucien de Guérande ? Ah
ça... Vous pouvez retirer vos lunettes de soleil ? Mais oui, mais c'est
bien sûr ! Tu es le Lucien de l'équipe de tennis de ma jeunesse...".
Tout en évoquant quelques bribes du bon temps passé ensemble autour de
la petite balle jaune, nous n'en revenions pas de l'ensemble des choix
de vie, des coïncidences et décisions plus ou moins aléatoires ayant permis cette rencontre a priori improbable après une dispersion de quarante ans.
(*) Par souci de confidentialié, les prénoms ont été changés.
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