Stimulation douloureuse Peut-on avancer quand on a une position stable ? Peut-on créer quand on est heureux ? Peut-on apprendre quand on est satisfait ? Oui, certainement. Jusqu'à un certain point sans doute. Le point où paraissent ne plus être supportables le déséquilibre nécessaire au mouvement, l'arrachement nécessaire à la création, la fatigue nécessaire à l'acquisition du savoir. Aller au delà nécessiterait de relativiser ce point d'inconfort : la perte d'équilibre, la douleur morale ou physique peuvent y contribuer. J'y pensais ce dernier week-end quand Belmondo expliquait à Drucker pourquoi il n'aurait pas pu être boxeur : "Pour être boxeur de haut niveau, il faut avoir faim". Et pour être comédien de haut vol ? Haut de page Accueil |
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Three legs Un bateau retourné dans le gros mauvais temps. Il semble attendre, penaud, que le maître qu'il vient de désarçonner remonte à son bord. Le maître ne remontera pas, il le sait bien. On lui a dit si souvent de bien faire attention, de ne pas trop engager ce flotteur, là, sous le vent. De ne pas trop la tenter, cette bôme qui n'attend qu'un peu de mou sur la bride pour s'en aller, incontrôlable. De bien la surveiller, cette houle irrégulière. De la rechercher, même, cette vague monstrueuse qu'il va falloir négocier en courbant l'échine, structure arquée, bandée, souffle retenu. On lui avait dit. Il le savait bien. Et il attend comme doit le faire un bateau s'apprêtant à couler avec son commandant. Haut de page Accueil |
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Alzheimer Lu dans le Courrier International de cette semaine le témoignage d'un homme dont la mère était atteinte de la maladie d'Alzheimer. Témoignage particulier sur une maladie et une fin de vie : au delà du drame, il raconte aussi le lent endormissement d'une personne plutôt joyeuse et avide de profiter de l'instant présent désormais dépouillé du passé qui l'a amené et insouciant du futur qu'il induira. Les développements de cette maladie n'ont sans doute pas toujours (pas souvent ?) cet aspect "sortie tranquille de la vie" et la douleur de l'entourage prend en compte l'incertitude de l'évolution et la certitude de l'issue fatale. Mais peut-être plaignons-nous trop facilement la différence handicapante, comme si le bonheur était inaccessible à l'a-normal, au non standard. Peut-être sommes-nous tous des handicapés profonds (il suffit de changer les repères) que le passé oblige et l'avenir contraint ? Haut de page Accueil |
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Porte-avions trop court Vingt milliards de francs pour un porte-avions nucléaire ! Pour ce prix-là, combien d'hôpitaux, de lycées, de maisons de retraite, de RMI, de salles de sports ...? Quelle quantité de qualité de vie en plus pour chacun ? Bon, je sais bien, on va dire : "Oui mais, les méchants peuvent nous attaquer. Il faut nous défendre, défendre nos biens, notre liberté" Et alors ? Est-ce une utopie de croire que les guerres deviendraient anachroniques si l'argent de tous les armements du monde était placé dans le bien-être et l'éducation des populations ? Les affamés et les fanatiques s'attaquent aux riches et aux symboles. Aux porte-avions nucléaires. Haut de page Accueil |
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Séismes de riches Un Californien en visite touristique pendant le tremblement de terre en Turquie racontait à la télé qu'il avait l'habitude des séismes, qu'il n'avait donc pas été surpris, mais que les effets de celui-ci l'avaient particulièrement impressionné. J'ai pensé alors qu'à magnitude égale, un gouffre (mauvais, non ?) sépare les séismes d'Ankara et de Los Angeles, celui du PNB. Sans doute les américains sont-ils assez riches pour que tout l'argent nécessaire à la construction d'immeubles "antisismiques" ne fonde en bakchichs et pots de vin. Il en reste un peu pour faire des bâtiments aux normes. Et même quand les dollars viennent à manquer, la planche à billets américaine est toujours prompte à en tirer de nouveaux, sur le dos du reste du monde. Haut de page Accueil |
Châteaux de cartes Cartes sur tables Dessous de cartes Tables branlantes |
Petit monde Mon portail préféré (Yahoo!, bien sûr ;-) dont je consulte les news tous les matins m'avait donné l'information quelques heures après la catastrophe : "Tremblement de Terre en Turquie : 10 morts" Les matins suivants ont apporté plus de détails et surtout corrigé à la hausse le chiffre des morts : 500, 1500, 2500, ... jusqu'à celui que je viens de lire : 7000. Un séisme avec 10 morts était tragique. Avec 500 victimes, c'était une catastrophe. Et au delà ? Il me semble que la signification de certains chiffres trop importants nous soit inaccessible, ne trouve plus d'écho raisonnable dans nos petites têtes. Il en est ainsi des victimes des drames relatés quotidiennement par les médias : séismes, inondations, sida, "génocides". Mais aussi des dimensions de l'Univers, des dates préhistoriques, des grandes fortunes ... Handicap ou sauvegarde, cette appréhension du monde par le petit bout de notre lorgnette ? Qui nous fait savoir le monde vaste et durable (infini et éternel ?) sans ressentir autre chose que notre environnement proche et l'instant qui passe. Qui nous fait savoir la mort des autres et ne vivre vraiment que la nôtre. Haut de page Accueil |