Nous sommes bien protégés.
Le législateur fait le maximum pour nous protéger contre les voleurs, les abuseurs, les incompétents, et même contre nos propres limites. Les textes réglementaires fleurissent perpétuellement, les normes font dans l’énorme, les avertissements pullulent, les garde-fous s’imposent partout où le pied de l’homme peut se poser, partout où sa main de l’homme peut se glisser, partout où son cerveau peut s’introduire.
Nous sommes bien protégés.
La médecine fait le maximum pour nous protéger contre les maladies, les accidents de santé, et même nos propres comportements. Beaucoup de "grandes" maladies ou dysfonctionnements ont leurs médicaments - hypertension, diabète, inflammations diverses et non moins variées - qui permettent à certains traités de se déclarer non-malades. La chirurgie tente de réparer les dégâts d’une nature aléatoire, du poids des ans ou des prises de risque.
Nous sommes bien protégés.
Les pièges sont devenus si nombreux, si sournois, si puissants que nous sommes tous faibles, petits poissons dans la mer déchaînée infestée de requins. Petits amas cellulaires dans l’A 380 qui pourrait tomber, voisins de la centrale qui pourrait exploser, exposés aux agressions chimiques, mécaniques, thermiques, électriques, magnétiques, électro-magnétiques, etcétériques, ... Petits tas de neurones dans un monde d’aigrefins 0.2, noyés dans un océan de marchands à la réalité augmentée. L’homme actuel ne peut plus se promener dans la nature aménagée par lui et pour lui comme Tarzan au bout de ses lianes, il fait profil bas et attend que la société déploie en tout temps et en tout lieu ses crieurs d’aujourd’hui : "Dormez tranquilles, bonnes gens, nous veillons sur vous".