Famille en fête

Les fêtes de famille ne sont plus ce qu’elles étaient, mon bon monsieur. Les parents ont vieilli, les enfants ont grandi, les cris petits-enfants n’ont pas la même résonance que ceux de leurs prédécesseurs dans le cercle familial.

On peut le regretter. Regretter qu’une bonne tradition se perde, que de bons moments de vie ne soient plus que souvenirs, que les repères de jadis ne se diluent dans le magma du "tout fout le camp". Regretter et craindre que la nostalgie n’envahisse un présent incapable de s’installer dans la durée.

On peut aussi s’en réjouir. Des lignes qui bougent, c’est une famille qui vit et évolue au rythme des générations, de leurs goûts, migrations, contraintes. Les vieux d’aujourd’hui ne sont plus et les jeunes d’aujourd’hui ne sont pas les jeunes d’autrefois. Les modes de vie et les codes de communication se transforment, et c’est l’ensemble des liens qui se refonde en permanence, modifiant progressivement un bain familial à la fois filandreux et éthéré, donnant donc une autre trempe aux individus qui s’y ébattent.

Les familles et leurs fêtes ne sont plus ce qu’elles étaient ma bonne dame, ça c’est bien sûr, mais qu’importe tant que les unes et les autres existent encore, tant que les séparations, recompositions, éclatements géographiques de celles-là n’empêchent celles-ci de se tenir au bout de liens distendus ou pour le moins différents. N’est-ce pas ?