Un article de presse et une émission de radio viennent à nouveau de me titiller l’esprit sur le thème de la croyance et du savoir. Personnellement, je crois beaucoup, par nécessité, et je sais peu, par limitation naturelle. Du moins, je crois savoir ce que je crois en même temps que je sais croire en ce que je sais, le problème étant que croire et savoir contiennent des tas de sens bien capables de désorienter le plus lucide des introspecteurs.
Croire, c’est généralement tenir pour vérité quelque chose qui n’est pas prouvé. Bien. Encore faut-il savoir ce que sont vérité et chose prouvée. Que la vérité soit quelque chose en laquelle on croit ou quelque chose qui est prouvé et les demi-boucles sont bouclées dans un cas comme dans l’autre, sans porte de sortie.
Croire, c’est très communément accepter ce que quelqu’un d’autre dit savoir. On peut sans doute avancer que 99% de notre information est fournie par des personnes ou des systèmes en qui nous faisons confiance, des plus proches comme nos amis ou notre montre, au plus éloignés ou diffus comme Pujadas ou Google.
Croire, c’est parfois supposer. L’accumulation des années a pratiquement fait disparaître le "parfois" en ce qui me concerne ; je suppose que Pujadas, Google ou Jules me rendent compte d’une certaine réalité, je suppose même que le big bang a eu lieu et que demain sera un autre jour (vous en êtes certain, vous ?)
Croire, ce peut être aussi espérer. Espérer qu’effectivement demain sera un autre jour, que le labeur d’aujourd’hui construit le bonheur de demain, que s’il y a bien quelque chose au lieu de rien, c’est que le sens existe, impalpable, mais bon et bienveillant.
Savoir, c’est généralement connaître une vérité avérée, une vérité vraie. C’est aussi parfois comprendre une réalité établie, réalité réelle donc. Vérité et réalité étant deux ensembles distincts seulement sécants par quelques-une de leurs propriétés, avéré et établie restant à définir à l’aide d’autres notions en appelant d’autres elles-mêmes dans un immense tonneau des Danaïdes, on voit bien que tout est loin d’être clair en ce qui concerne le savoir.
Les disserteurs si diserts sur les inséparables frères ennemis que sont le savoir et la croyance ont encore de beaux jours devant eux : la lumière sur le sujet risque de rester blafarde encore très longtemps ...