Il y a bien sûr autant de façons de voyager que de voyageurs. Il y a ceux qui préparent finement leurs balades, se renseignent sur ce qu’il convient de voir, déambulent le guide à la main. Et puis il y a ceux qui circulent l’oeil ouvert, le doigt sur le déclencheur, les sens aux aguets, se demandant ce qu’ils vont bien pouvoir dénicher.
Le voyageur idéal serait possiblement intermédiaire, celui qui se demande préalablement ce qu’il pourrait voir, circule en tentant d’appréhender la globalité des environnements traversés, et pique ponctuellement dans le Guide Vert d’éventuels renseignements ou avis.
C’est là que je me trouve impatient de chausser des lunettes façon Google - quand elles seront opérationnelles et d’un prix compatible avec ma petite bourse - pour pouvoir lire en surimpression de mon champ visuel les informations relatives aux lieux que ma vue balaiera, aux objets que mon regard découvrira. Voir pour savoir, ça sera le rêve, non ?
Mais non, faut quand même pas rêver ! Le service aura un prix et des servitudes, comme tous les services gratuits [Pour rappel : quand c’est gratuit, c’est que la marchandise, c’est vous !]. Le prix sera celui de la publicité noyée dans les infos : "Ce musée X expose dans un cadre somptueux ..." et "Ce musée Y expose ..." peuvent signifier que X a payé et non Y. La servitude sera celle de la toile se refermant encore un peu plus sur les utilisateurs : Google et ses clients enrichiront leurs bases de données de ce que verront, visiteront et, par extrapolation, feront les porteurs de lunettes magiques.
Au bout de ce petit trip sur les voyages, je me dis que les outils ne sont qu’utiles mais non indispensables, que peut-être même les voyages ne sont qu’accessoires mais non essentiels puisqu’on peut voyager dans ses parterres ou dans ses pensées, et qu’il importe davantage de pouvoir voyager que de voyager. La possibilité libératrice, n’est-ce pas ?