Je n’ai pas encore rédigé mon testament, non. Et vous ? Comment ça, trop jeunes ? Alors qu’on manifeste à vingt ans pour sa retraite, on peut bien préparer ses funérailles à quarante !
Perso, j’y pense de temps à autre, quand j’en entends parler autour de moi. Alors je me dis que si ça se pratique, c’est qu’il y a peut-être une certaine utilité, un certain intérêt, qu’il faudrait, que je devrais ...
Des petites sirènes sortent alors de ma petite mer intérieure pour me susurrer qu’il n’y a pas le feu, que le sens commun n’est pas forcément le bon, que la déformation de l’espace-temps provoquée par le passage d’une vie devrait s’effacer le plus rapidement possible après les derniers échos pour laisser le champ libre à d’autres déformations et que donc les dernières volontés d’un vivant ne devraient plus se traduire en dernières volontés d’un mort. Vaste programme, petites sirènes ! Il faudra qu’un jour vous m’en rapportiez davantage du fond de vos océans de sagesse !
C’est un entrefilet radio sur le testament digital [1] qui m’a fait poser les doigts sur le clavier. Si j’ai bien compris, le principe consiste à déposer dans un disque dur sécurisé - contre rémunération bien entendu - toutes vos clefs virtuelles ainsi que les mécanismes dématérialisés que vous voulez voir activer quand vous ne serez plus là pour ouvrir les portes et lancer les machines. Mots de passe, contenus de courriels, de blogs, toutes les vidéos d’une vie peuvent être stockées et utilisées selon vos dernières volontés, par qui vous souhaitez ou même par des robots contre qui vous souhaitez. Une vie après la mort en quelque sorte ... génial, non ?
Je ne suis pas inquiet pour les loueurs de coffre-forts réticulaires : les geeks, nerds, nolifes et autre technophiles de tout poil vont s’engouffrer dans les tuyaux tordus de ce nouveau jeu, déposant des milliers de millions de milliers [2] d’octets virtuels dans des espaces bien réels électriquement alimentés, ventilés, refroidis par autant de kilowatts-heure, nucléaires ou pas.