Pour la deuxième fois, Parlement et Citoyens me demande mon avis. À vrai dire, il ne me demande rien, mais je vais quand même lui donner mon opinion. J’y tiens. Les temps sont plutôt ceux des camps retranchés, citoyens d’un côté et parlement de l’autre, le fossé des scandales et des incompréhensions partisanes bien installé entre les deux. Parlement et Citoyens propose de fondre les boulets de belligérants en arguments de partenaires et - moi, vous me connaissez - j’aime à me presser au feu de la forge.
Ce deuxième problème soumis à la réflexion populaire par un parlementaire branché concerne les peines d’emprisonnement ; il s’agit de dire si et pourquoi on est d’accord, pas d’accord ou mitigé sur le fait que "la Justice prononce trop systématiquement des peines de prison", puis de s’exprimer de la même façon sur les causes du problème supposé, ce qu’on peut attendre des éventuelles solutions, enfin les solutions proposées. Il est même possible de soumettre à l’attention du peuple connecté d’autres causes, enjeux et solutions. Autre chose qu’un bulletin de vote ou un "j’aime / j’aime pas" facebookien qui s’expriment en tout ou rien, non ?
Je me suis donc léché délicatement les babines tandis que mon ordi taillait sa route vers cette problématique des peines de prison trop rapidement prononcées jusqu’à ce que je me rende compte que la dite problématique est construite sur la constatation d’un problème - la surpopulation carcérale, et l’avance d’une solution - la réduction des peines de prison. En fin de compte, le parlementaire aimerait que le peuple réticulaire s’exprime sur la façon de diminuer l’emprisonnement avant même de savoir s’il pense que l’emprisonnement est utile. La charrue avant les bœufs en quelque sorte. L’alternative me semble alors claire : ou bien l’emprisonnement est utile et il faut augmenter les places dans les prisons, ou bien il est inutile et il faut investir dans l’accompagnement, le suivi, la surveillance des délinquants. C’est bien l’origine de cette alternative qui n’est pas simple et doit être débattue : la prison est-elle utile ? pour qui ? dans quelles conditions ? qui en jugera ? avec quels moyens ? Mais la réponse à ces questions ne peut sans doute pas faire l’objet d’un projet de loi. Si ?