Joël de Rosnay est un grand amateur de surf. Il a été l’un des promoteurs de ce sport en France et a pratiqué tous les grands spots de la planète. Dans un livre récent, il utilise le surf comme métaphore du fonctionnement de nos sociétés, fonctionnement actuel, en développement ou prévisible, fonctionnement inévitable et de toute façon souhaitable. Il y extrapole les éléments caractéristiques du surf et les capacités du surfeur à tous les domaines de la vie courante et aux pratiquants que nous sommes tous.
C’est beau comme la vague de la pub emportant sous son aile le beau bronzé chevauchant son engin fixeur de rêves, éterniseur d’instants.
C’est beau, mais ...
Mais trop, c’est trop, comme dab. Pour reprendre à grands traits des premiers chapitres :
Vers la société fluide
La vie ne peut se satisfaire de glissades plus ou moins risquées sur des flux plus ou moins contrôlés, plus ou moins douteux. La vie a également besoin de canalisations, de bonnes conduites, des règles certes souples et mouvantes, mais lignes de vie dans ce qui tient davantage du torrent que du long fleuve tranquille.
Passion surf : un modèle de vie
Quitter la métaphore n’est pas trop convaincant non plus : il ne semble pas que la pratique du surf soit indispensable aux grands découvreurs scientifiques, tant de grandes découvertes s’étant faites en dehors de la pratique de ce sport, certaines grandes idées ayant même pu prendre naissance dans un esprit posé sur un pédalo.
Le surfeurs d’internet : une nouvelle culture
Si le surf sur l’Internet est bien la troisième grande révolution humaine après le feu et l’’imprimerie, il semble qu’il ne sera lui aussi qu’un amplificateur des qualités et des défauts humains, sans angélique espoir de voir l’homme sortir définitivement de sa bulle nombrilistique. Le web peut être une toile pour surfer vers le monde des autres mais aussi une toile tissée autour de chaque araignée guettant la mouche nourricière ou simplement amusante.
Des réseaux sociaux au web symbiotique
Nul doute que la société fluide favorise l’apparition des "doueurs", ces faiseurs-bricoleurs capables d’utiliser les toujours plus nombreux outils informatiques pour créer des objets nouveaux ou piratés, utiles ou dangereux, mais on ne peut pas croire que cela puisse changer les bits en atomes, le virtuel en énergie, le chaos en sereine plénitude ...
Mais trop, c’est trop ... pour la critique itou et il faut bien que le balancier repasse par l’équilibre. Joël a des idées, des idées pour comprendre, des idées pour anticiper, et il serait dommage de jeter l’eau du bain qui n’a pas encore connu le bébé fatal. Plongés dans la grande baignoire globale, elles peuvent nous aider à surfer sur les remous plus ou moins hydrothérapiques et bénéfiques, plus ou moins karchérisants et asphyxiants. Comment non ?