Mangeriez-vous votre chien ? Non, probablement. Le doute existe bien sûr, on se connaît si peu soi-même ... Il est si gentil votre toutou, presque affectueux. Capable de sensibilité, presque de sentiment. Le regard tellement vif et éveillé, presque intelligent. Non, vous ne sauriez le tuer, les yeux dans les yeux, l’arme à la main, le geste sans larmes et le sentiment au fond du sac des mauvaises consciences étouffées.
Nous connaissons tous un animal pas plus bête que votre chien, aussi sensible, éveillé, et bien plus proche de l’homme encore puisqu’on le dit anatomiquement compatible au point d’envisager de greffer son coeur dans les thorax humains ou même d’utiliser son utérus pour en faire une mère porteuse docile et bon marché (si, si !). Je veux parler du cochon - et de la cochonne - bien sûr, celui qu’on élève en batterie, qu’on égorge à la chaîne et qu’on pend au croc de boucher pour en extraire le minerai de nos petites cochonneries gastronomiques.
De plus en plus de voix se lèvent, de plumes se dressent, de claviers s’agitent pour proclamer que l’animal est un homme comme les autres, capable d’éprouver de la douleur, et que nous devrions donc nous abstenir de le maltraiter et de le tuer. Le dernier héraut en date est le très médiatique FOG. Dans son dernier livre, Franz-Olivier rappelle que le délicieux filet de veau qui vous fond dans la bouche a nécessité l’assassinat du "bébé de la vache", que le maquereau qui se tortille au bout de votre ligne ne le fait pas par plaisir ni par reconnaissance de le sortir de son milieu trop humide, que ...
Un vent de mauvaise conscience nous pousserait donc vers le végétarisme, voire le végétalisme pur et dur qui exclut de l’alimentation, en plus de la chair animale, les produits des animaux tels que les oeufs et le lait.
Moi, vous me connaissez, les "ismes" me font peur, je m’inquiète toujours des extrêmes qu’ils peuvent cacher. Ira-t-on jusqu’à entendre le gémissement du rigadeau extirpé de sa vase ? La plainte de l’escargot mis à jeûner sous sa coquille ? Le respect du vivant fera-t-il intégrer la douleur de la mouche écrasée sous la tapette ? Celle des acariens arrachés à leur moquette ? Si, si, mettez-les sous le binoculaire, ces petites bêtes, regardez-les bien les yeux dans les yeux .... Et puis, le vivant ne se limitant pas au règne animal, pourquoi ne pas se mettre à l’écoute du cri de la carotte qu’on arrache sauvagement à sa terre natale ?
J’exagère ? Bien sûr, bien sûr ... Je fais de l’extrémisite aigüe sur un extrémisme particulier. Bêtement et tout à fait inutilement puisque les oukazes ou fatwas potentiels de ces "ismes"-là ont peu de chances de venir jusque dans nos assiettes de gens ordinaires : au vu du peu de respect que l’homme porte à l’humain, considérer que les animaux sont des hommes comme les autres ne leur garantit pas de bien meilleures conditions de vie. Ni de mort.