Ça va, vous ?

Ça va, vous ? Moi, ça va, ça va ... Vous ne me demandiez rien, mais je vous le dis quand même : ma vie suit son cours. Pas le cours du torrent impétueux encore proche de sa source bien sûr, ni celui du long fleuve tranquille producteur de richesses. Plutôt le fil de l’eau glissant dans l"estuaire et proche de s’évanouir dans l’infinité des eaux océaniques [1]. Mais faut pas se plaindre : ça va ! Le cours d’eau qui se noie dans l’océan a déjà connu la chance de ne pas s’être fait dévorer sur sa route par quelque faille terrestre, zone sableuse, marécage informe ou industrie humaine. Fins de parcours prématurées dans des lits d’étiage parsemés de souvenirs en voie de squelettisation et ponctués des plots de verdure empathiques que la raréfaction de l’eau rend possibles et nécessaire à la fois.

Mais trêve d’images absconses ! Parlons plutôt de vous ... Vos laitues naissent-elles ? La petite Zoé doit être au collège, maintenant ? Vous les prenez quand, les vacances, cette année ? Votre nouveau maire, vous croyez que ça va le faire ? Vous voyez toujours les amis ariégeois ? Que deviennent-ils ? Leurs laitues naissent-elles ? La petite Cloé doit être bien grande, maintenant ? Ils partent où en vacances cette année ? Ont-ils changé de maire, eux ? Ils voient toujours leurs amis bretons ? Ils ont de leurs nouvelles ? Dites-moi ...

On cause, on cause et le temps passe aussi vite que les gros nuages ce matin au dessus de mes ardoises. Nos paroles envolées laisseront-elles des traces une fois le vent retombé ? Arbres ébranchés à coups de médisance, plantes revigorées par les averses du souvenir, paysages affectifs recolorés accessibles sous le soleil d’après ? Avoir la possibilité de poursuivre mes déambulations sur le terrain de ma vie, affecté ou pas, est bien le signe que, pour moi, ça va, ça va encore. Et pour vous ?