Effet bœuf

Quand je vois Depardieu, je m’interroge. Je m’interroge également quand je l’entends ou quand j’en entends parler, mais alors les problématiques sont différentes, du genre : "comment peut-on être à la fois génial et abruti ?", "sont-ce les mêmes qui l’adorent et le détestent dans le même instant ?", ou encore "à partir de quand l’anormalité est-elle perçue comme anormale ?". Non, quand je le vois je me demande tout bêtement si l’excès de bouffe picoleuse conduit nécessairement à l’explosion de l’organisme. Beau sujet de TPE [1] pour les apprentis bacheliers, non ?

A priori, et donc avant toute expérience, recherche ou même réflexion, on peut se dire que si chaque repas apporte plus d’énergie que l’ensemble que de ce que l’organisme utilise ou rejette, le surplus doit venir grossir le stock jusqu’à ce que le conteneur explose.

Mais l’enveloppe du conteneur n’est pas un vulgaire plastique, et Dipardiou nous offre actuellement la preuve visuelle des capacités d’adaptation de la peau, aussi bien capable d’emballer le contenu quasi normal des années suivant son quintuple pontage coronarien que le contenu obélixique [2] constaté une décennie après.

L’explosion n’ayant semble-t-il jamais été observée, serait-ce plutôt du côté de l’implosion qu’il faille [3] chercher une éventuelle fin d’évolution ? Un quintal, ça se porte encore ; deux quintaux pèsent quand même un peu sur le squelette ; trois quintaux sont difficilement imaginables autrement que déposés sur un lit [4]. En dehors des problèmes mécaniques de charpente, on peut imaginer la désorganisation des services de l’intérieur, circulations et transferts de tous ordres [5], moteurs, pompes, filtres, convertisseurs fonctionnant à plein régime, jusqu’au bout du souffle. Jusqu’à rendre l’âme ?

Hummm ! ... C’est que ça demande de l’énergie tout ça ; plus la machine à gaz est grosse et plus son fonctionnement consomme de calories, de kilojoules, de kWh, de TEP [6] ... et moins le combustible enfourné par le chauffeur goulu est en mesure de contribuer au stockage graisseux. Il doit bien arriver un moment où celui-ci ne se fait plus, l’équilibre étant atteint comme la tarte est aux pommes. Puisque la barre de l’asymptote [7] semble être généralement placée au dessous du seuil explosif et tant que l’usure prématurée d’une machinerie surexploitée restera au dessus du point d’implosion, il est raisonnable de penser que l’évolution de la silhouette de notre GéGé bi-national devrait approcher actuellement de son allure définitive, celle d’un immense, ample, colossal, considérable, cyclopéen, démesuré, effrayant, éléphantesque, énorme, étendu, extraordinaire, extrême, formidable, fou, géant, gigantesque, grand, grandiose, grandissime, gros, illimité, immensurable, imposant, incalculable, incommensurable, indéfini, infini, insensé, interminable, long, mammouth, monumental, prodigieux, profond, sans fin, sans mesure, spacieux, titanesque, vaste, violent [8] acteur.