Manifestons-nous ! Manifestons ! Ça devient une manie un peu partout. Les peuples manifestent contre leurs dictateurs, les citoyens contre leurs gouvernements, les usagers contre leurs services publics, les consommateurs contre les hausses de prix, les salariés contre les baisses de salaire, les élèves contre leurs profs, les profs contre leurs directions, les catholiques contre l’avortement, les juifs contre les antisémites, les musulmans contre les contre, les individus contre leurs voisins ... Chacun proteste contre quelqu’un, quelques-uns, voire tous du groupe des autres. Parfois même contre soi-même jugé indésirable, totalement détestable, résolument largable ou définitivement suicidable.
Ce dimanche est jour d’élections en France. Deuxième tour de cantonales annoncé comme devant être boudé par les citoyens électeurs qui grognent contre les élections dévoreuses de weekend, contre les politiques tous-pourris, finalement contre une opération qui devrait leur retirer quelques raisons de grogner. Ils préfèrent battre le macadam en agitant les banderoles sous les fenêtres des sous-préfectures plutôt que de se rendre endimanché au bureau de vote communal.
Vrai que l’action citoyenne est d’autant plus efficace qu’elle est bruyante, perturbatrice, voire destructrice. Peut-être faudrait-il manifester pour que l’expression citoyenne issue des urnes ne soit plus considérée par le monde politique comme un blanc-seing délivré des engagements antérieurs et dépourvu du respect dû au peuple d’en bas qui fait les rois de la République. Mais alors, plus qu’une simple manifestation, peut-être faudrait-il envisager une révolution avec quelques "DÉGAGE !" ?