Trente ans de diapositives sommeillaient dans le haut d’un placard de mon bureau. Gisaient, devrais-je écrire, puisque plus de quinze ans de pratique numérique ont relégué projecteurs et écrans au fond d’endroits d’où on ne les ressort habituellement plus en état de fonctionnement. Gisaient, parce qu’elles-mêmes se décomposaient lentement mais sûrement dans leurs cercueils de plastique.
Il était grand temps de les numériser, réaliser une sorte de momification prolongeant leur réalité dans un monde un peu moins réel sans doute, mais un monde encore accessible sinon tout à fait sûr. Tout un travail de scans, recadrages, retouches, récupération des couleurs d’origine ...
Quand le travail a pris parfois les traits du labeur, je me suis demandé si le jeu en valait bien la chandelle [
1]. Les réponses se sont construites au rythme des chargements et déchargements, des raccourcis-clavier et des clics de souris : il s’agit bien de la momification d’un temps vécu dont l’exhibition à nouveau possible peut être agréable ou même utile. Agréable ou utile à moi-même, aux photographiés de certains cadres, aux personnes concernées par l’époque, les lieux ou les personnages. Le temps passé devient souvent du "bon temps" qu’il est agréable de rappeler. Rappeler aux jeunes que les vieux ont été jeunes et exposer aux vieux que les jeunes ont bien [
2] vieilli est parfois utile, par exemple.
La mise en cercueil annoncée s’est donc muée en une mise en boîte prometteuse ... pourvu que l’informatique ne se révèle pas plus volatile que les essences des embaumeurs antiques !