Tête-de-more

Les gens gentils sont trop souvent pris pour des jean-jean. Une preuve récente est le rapport de presse mentionnant qu’un certain nombre d’automobilistes préfèrent arborer la tête de Maure [1] sur leur plaque d’immatriculation plutôt que celle de leur département au prétexte qu’ils seront ainsi moins agressés par les autres usagers de la route, le Corse étant mondialement reconnu vindicatif et potentiellement dangereux.

Si on est gentil, honnête et quand même soucieux de sa petite dignité, on fait quoi ?

On fait pas ...

Pourtant, comme je veux faire malgré tous ceux qui voudraient me persuader que j’ai tort de faire, je décide parfois de ne plus être gentil. Je suis un intermittent de la méchanceté, si vous voulez. Alors, je peux vous dire que ça ne rigole pas ! Je fais la tête, une tête bien plus craignosse que la tête de Maure, une tête qui serre les dents, ignore l’importun présumé, délivre la communication minimale, le poing serré. Une tête rapidement ridicule, ingérable dans la durée et finalement inefficace si le fâcheux est, lui, un vrai méchant. L’agressivité, c’est dans les gènes, mon bon monsieur. Tout comme le dos rond, celui de la servilité et/ou de l’asservissement, les deux gènes se retrouvant d’ailleurs souvent chez le même individu, méchant faible beaucoup plus dangereux que le méchant fort. Sans l’un ni l’autre, les gentils forts ont la possibilité d’inverser le prétendu handicap de la faiblesse en considérant les vindicatifs du haut de leur sagesse, les jean-jean devenant des "j’en souris" comme semble sourire la tête de Maure gravée sur la plaque d’immatriculation de ma petite auto, sans la référence (obligatoire pourtant à ce qu’on dit) à l’un des deux départements corses.