Biarritz sous le soleil d’octobre, vingt-cinq degrés celsius dans les filets d’air qui caressent la plage au pied de la Vierge sur son rocher. J’y promène mon œil de touriste, mon look de randonneur mal assuré, mon sac à dos garni de croqueurs d’images espérées belles ou étonnantes. J’y traîne ma carcasse de vieux dans un monde de vieux. Ils se sont étendus sur le sable pour capter la chaleur qu’ils ne fournissent plus, leurs vieilles peaux brunies, tannées, quasi brûlées. Quelques-unes ont enlevé le haut, avec ou sans illusions ; quelques-uns gonflent les abdos comme des vestiges ou comme des rêves. D’autres sont descendus jusqu’à l’eau que les rochers ont pris à l’océan, font quelques pas, observent, font d’autres pas, méditent, vont s’immergent parfois, le regard perdu dans l’azur, soulagés un instant du poids de la gravité, du poids des ans, du poids des choses.
Clichés ? Cliché ! Photo souvenir : j’y suis venu, j’ai vu, j’ai cliqü …
Et j’ai poursuivi ma route de l’autre côté du gros « caillou » protecteur de la petite plage centrale, pas bien loin, juste de quoi changer de monde, basculer dans l’espace d’une grande plage, dans le bruit des hautes vagues qui s’écroulent sur le sable, dans l’agitation de centaines de drôles de pingouins sur leurs drôles d’engins. Je les vois qui attendent LA belle vague allongés sur leur planche, s’élancent vigoureusement quand il sentent le bon coup, se dressent dès que leur élan s’accorde avec celui de la vague, décrivent les courbes qui conviennent à l’accompagnement de la vague, à leurs possibilités, à leurs envies, s’éclatent enfin souvent dans une sorte de saut du cygne lorsque que la vague va s’épuiser en roulant et gerbant son écume. Un monde de jeunes bien fait pour maintenir une petite étincelle dans mon œil de jeune vieux ...
Clichés ? Pas grave, ce sont les miens et ils m’aideront à me souvenir : j’y suis venu et j’ai vu, j’ai souvenu.
Quelques photos du pays sous la Rhune :