60, soixante, ça sonne rond. Y’a pas photo, un 6 et un 0, c’est tout en rondeur n’est-ce pas ? Il n’y a pas non plus à tendre l’oreille, les deux sifflantes viennent lécher le mur mouillé du t comme deux vaguelettes s’arrondissent en se fondant dans le sable.
60 ans, ça sonnait juste. Juste comme une justice rendue depuis une trentaine d’années à des vies de travail, souvent des vies de labeur, parfois des vies de service. Mais également juste, trop juste pour certaines vies au regard du temps dont le départ était sonné.
60 ans, ça sonnait bien. Ça se fêtait, bougies sur le gâteau et pot d’entreprise mêlés dans le même tournant entre deux décennies et deux conditions sociales. Ça sonnait même de mieux en mieux, le temps d’après promettant régulièrement d’être plus long et plus confortable (moins court et moins inconfortable peut-être).
Mais c’est fini [1]. Les clairons de la retraite n’accompagnent plus les néo-sexagénaires qui devront attendre 61,28 ou 63,82 ans pour y avoir droit. Ça sonnera moins bien, forcément. Les jeunes vieux, pas encore jeunes retraités, pourront toujours se consoler en constatant que la société les tient plutôt pour des vieux encore jeunes et en se persuadant que les amis apprécieront autant deux fêtes qu’une seule :-)