Son beau voilier reste amarré dans le port, sa belle mécanique reste immobile dans son garage, son fringant pur-sang reste confiné dans son box, sa prétendue brillante intelligence tourne au ralenti sous son crâne.
C’est qu’il n’a pas les passions de ses moyens. Il n’a pas non plus le goût de l’effort pour l’effort, de la compétition pour elle-même, des problèmes qui ne se posent pas d’eux-mêmes.
Mais ça peut venir avec le temps, un déclic peut se produire : un claquement de voiles dans le vent du large, un vrombissement dans la montagne, un hennissement dans la prairie, un questionnement fondamental dans son existence.
Oui sans doute, mais quand ? Avant que les voiles ne soient trop mitées ? les roulements trop grippés ? les muscles trop fondus ? les neurones trop figés ? C’est qu’au contraire de la pile Wonder, toutes ces choses-là ne s’usent que si l’on ne s’en sert pas, c’est bien connu.
Le temps, le temps ... Obsession de vieux qu’ont de l’âge ? Sans doute. C’est qu’ils savent qu’ils ne peuvent plus le rattraper, eux. Ils se doutent aussi que le fabuliste avait bien raison : rien ne sert de courir, il faut courir à point. À point ? Sans délai !