mamimadiDeux jours de navigation au milieu d’une flottille de cent cinquante bateaux skippés par des citoyens ordinaires et transportant des personnes à mobilité réduite généralement ignorantes des choses de la mer et de la voile, deux jours donc suffisent à révéler les caractères, déployer les suffisances et les insuffisances, exprimer les mauvaises humeurs à côté des bonnes ...
Le cockpit du bateau est ouvert à la mer, au vent, au soleil, mais c’est bien un lieu clos à l’image des polars d’Agatha ou des films d’Alfred. Le comportement de chaque passager peut prendre des allures de rôle de personnage, plus léché et abouti, plus stéréotypé et caricatural aussi.
Il arrive que le skipper prenne les allures d’un chef, que l’animateur adopte le masque du sage, que le connaisseur gesticule comme un expert, que le conseiller se fasse conseilleur et que l’idiot devienne con. Les modestes s’écartent alors, les timides s’écrasent, les taiseux laissent dire, les personnes normales éventuellement restantes se glissent dans la peau du caméléon, elles s’adaptent.
J’exagère ? Sans doute, car j’ai dû moi-même enfiler sur l’eau un costume que je ne saurais décrire objectivement, ne pouvant pas être spectateur de mon propre personnage. J’ai pourtant entendu des vociférations, vu des comportements inspirés du racisme, du sexisme et de la bêtise ordinaire dont le huis clos d’un bateau facilite l’éclosion.
Bien heureusement, si le bateau peut faire germer le pire, il fait le plus souvent émerger le meilleur. Entre bâbord et tribord, entre proue et poupe, une possibilité exceptionnelle est donnée aux courants de passer, aux ondes de se propager, aux regards de se croiser, aux bons souvenirs de se construire. Beaucoup d’équipages ont su en profiter ...
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