L’espace se resserre autour de nous. L’agitation des autres frappe à nos portes, leurs flashes transpercent nos volets, leurs bruits envahissent nos demeures. Le seuil de la tolérance est très souvent franchi, nous plaçant possiblement tous en situation de pétage de plomb plus ou moins irrémédiable. Ceux-ci s’étalant de plus en plus nombreux dans les médias, nos gouvernants, corps constitués et institutions font le prosélytisme du "vivre ensemble". On nous dit, redit, serine et bassine ce vivre ensemble comme un slogan faisant partie désormais du paysage politiquement correct comme la petite fleur parmi les milliers d’autres petites fleurs sur la tapisserie de ma chambre. Invisible.
J’ai entendu certains protester contre ce tapissage médiatique du vivre ensemble, beaucoup clamant que trop c’est trop, d’autres disant que mieux valait d’employer à s’entourer d’amis et de copains afin de se construire un ensemble à vivre convenable. Je doute du résultat. Sauf à vivre reclus dans sa chambre tapissée de petites fleurs, il est bien sûr impossible de se faire un ami de chaque fauteur d’incivilité rencontré quotidiennement. Et puis les amis vont et viennent et ne font pas un ensemble de vie permanent ; vivre ensemble ne se produit que lors de brèves rencontres qu’il vaut mieux d’ailleurs éviter de prolonger sous peine de voir le vivre ensemble se dégrader et les amitiés se volatiliser. "Si tu veux te fâcher avec ton meilleur ami, invite-le quinze jours en bateau", dit le marin de plaisance ...
Alors, quoi ? Alors, rien ! Peut-être vaut-il mieux laisser le vivre ensemble potentiellement porteur de frictions là où il est possible (ou point trop impossible) et pour des durées dépendantes du dit ensemble. Pour le reste, sans doute est-il plus raisonnable de faire avec le vivre avec , avec les gêneurs, les sans-gêne, mais aussi les copains et les amis. Sans pétage de plomb, n’est-ce pas ?