Ping-pong

On peut ne pas pratiquer le tennis de table tout en aimant jouer au ping-pong. Question de niveaux, niveaux de sport et d’amateurisme, de souffrances et de plaisirs.

Ping, pong. Je me demande depuis tout petit pourquoi ping et pong puisqu’en réalité les sons des chocs successifs de la balle dans les raquettes diffèrent très peu. Ping ping ? Pong pong ? Ping ping ou pong pong peut-être pour les joueurs puisque les deux sons se produisent à des distances différentes ? Habitude ou réalité, ping et pong sonnent bien ensemble et ne sauraient plus exister l’un sans l’autre ; ping sans pong serait comme Laurel sans Hardy, Charybde sans Scylla ou cris sans thèmes.

Les inventeurs du mot, s’ils existent, ont pourtant oublié qu’un élément essentiel du jeu a son mot à dire : la table qui accompagne le renvoi de la petite balle en celluloïd d’un petit cri bien différent de ceux qui sont émis par les raquettes : pang ! Ping, pang, pong, pang, ping, pang, pong ... mélodieux, non ? 

Vous connaissez mon sens des images : le ping-pong m’est un peu comme une conversation faite d’arguments échangés sur la table des protocoles.

• Le mariage, c’est un monsieur et une dame, dit l’un. Ping !
• Oui, qu’en penses-tu ? fait la table. Pang !
• L’amour, c’est parfois un monsieur et un monsieur, dit l’autre. Pong !
• Oui, rien à redire ? renvoie la table. Pang !
• Pas de mariage pour les pédés l smashe le premier. Ping !
• Pas recevable, retoque la table. Out et pas Pang !

Tous les mots sont permis pourvu que la balle reste sur la table, balle molle ou coupée, coup de bluff et effet de manche. Toutes les attitudes aussi ; celle de celui-là qui veut avoir raison tout de suite et tente de terminer le point au plus vite ; celle de celui-ci qui souhaite élaborer une discussion et fait en sorte que l’échange dure.

Mais les images parallèles sont distordues, bien évidemment. Le mouvement incessant de la balle au-dessus de la table fait que le ping-pong serait une conversation sans pause et sans silence, une simple confrontation verbale comme on en voit sur les plateaux de télévision pendant les périodes électorales, avec beaucoup de bing et de bang mais bien peu de cartes sur la table.