Qu’on ne me parle plus de politique ! Le spectacle donné par les politiciens de tout bord - de bâbord à tribord, restons marins dans ces eaux malsaines - serait amusant s’il n’était pas le fait des gestionnaires de notre société. D’un autre côté, me direz-vous, le même spectacle donné par des anonymes aresponsables n’en serait plus un et, perdu pour perdu, mieux vaut que notre argent public serve à nous faire rire - même jaune - plutôt que de tomber directement dans quelques poches très particulières. Même les leçons d’anti-démocratie se payent ...
Qu’on ne me parle plus de religion. Chacun a son Dieu, le tien vaut le mien ou le sien et les trois sont pris en otage dès qu’un groupe en fait son étendard pour endoctriner, piller ou survivre. Pourtant, me direz-vous, les papes et les gourous sont suivis par les âmes en mal de Dieu ou de dieux et, puisqu’il en est ainsi, on peut toujours rêver qu’un jour les fidèles des uns ne soient plus les infidèles des autres.
Qu’on ne me parle plus d’économie. J’ai tout bien compris : seuls les riches peuvent s’enrichir et le demi-pauvre que je suis ne peut que s’appauvrir. C’est prévisible et quasi mathématique, calculable et quasi programmé malgré toutes les dénégations des gens-qui savent et manoeuvrent toutes pinces dehors pour accéder sur le haut du panier. Bien sûr vous me direz que l’économie solidaire, ça existe, même si on peut douter de son développement dans ce monde de profits où même les pauvres ambitionnent d’être riches.
Qu’on ne me parle plus du vaste monde. Il est en guerre depuis longtemps et le restera encore longtemps. Quelques autres milliards d’individus viendront d’ici peu renforcer la cohorte des affamés-assoiffés sur des terres rétrécies, désespérément prêts à défendre ou conquérir les éléments de leur survie, pour le plus grand bien des profiteurs de misère assis sur leurs rochers dorés. Et là, vous ne me direz plus rien tant il est clair que passé et futur sont sur les mêmes rails du temps.
Bah ! Il arrive des jours comme ça où, une fois réalisé le tour de la presse de tout poil, on a le sentiment que la boucle est bouclée, l’ardillon fiché dans le dernier trou du cuir de la ceinture serrée à en perdre le souffle, au niveau du nombril. C’est ça ! Le nombril ! Qu’on ne me parle plus de rien d’autre que de moi, j’ai tant à en apprendre !