Nous sommes à la mi-mai, mon ami, et le temps joue toujours les temps d’entre-temps. L’hiver n’en finit pas de finir, le printemps d’arriver avant un été encore inimaginable. Le cycle des saisons est sûrement indispensable aux cerisiers en fleur, comme le défilement des générations est vraisemblablement nécessaire aux enchantements premiers. Mais les transitions sont souvent dérangeantes, parfois inconfortables, quelquefois pénibles, un peu comme les passages de témoin sont souvent angoissants, parfois douloureux, quelquefois insupportables. Par bonheur sans doute, la qualité de ces passages nous dépasse et ni moi ni toi mon ami n’y pouvons rien. Nous ne pouvons que faire avec, déployer le parapluie quand il pleut trop dru, avaler de la médecine quand la douleur est trop forte. Penser à son jardin bourgeonnant sous la pluie caressante peut-être également ? Les couleurs des camélias, les flammes des tulipes, les odeurs du lilas, toutes ces expressions de vie déployées sous notre triste ciel actuel peuvent-elles accompagner une vie blêmissante ?
J’ai ouï le coucou, maille maille.
L’as-tu entendu, taille itou ?
L’hiver viendra pourtant, l’hiver viendra sûrement quand bien même il n’y a plus de saisons et la jument de Michao aurait tort de se repentir d’avoir mangé tout le foin avec son petit poulain. Ce qui est pris n’est plus à prendre bien sûr, mais ce qui n’a pas été à prendre ne le sera pas davantage. Passe donc, le temps, et passons à d’autres temps ...