Je lui avais confié ma navigation sur le web, la gestion de mes courriels et de mon agenda, ma communication en en laïve avec mes amis, mes ressentis épidermiques avec d’autres amis qui n’en sont pas, ma recherche de la bonne réponse dans l’océan des questions qu’on ne se posait pas jadis faute de filets assez grands et puissants. Google fait du si bon travail ! Convivial, réactif, rapide, souvent pertinent, toujours efficace. Je m’y sentais comme beaucoup tel un poisson dans l’eau ...
Mais le petit poisson s’est progressivement inquiété du filet censé travailler pour lui. Il lui semblait s’arrondir sournoisement autour de l’ensemble de ses activités réticulaires, ses mailles se resserrant au fil des mots déposés sur l’écran, se raboutant furtivement au gré des actions posées dans le world wide web. Il a fuit un jour de peur panique ...
Firefox et Opera ont remplacé Chrome, Bing a remplacé Google, Amen a remplacé Gmail, Skype est resté seul messager instantané et Facebook seul réseau social. Seul restait l’agenda partagé de Google parce que partagé, justement. Le vaste filet étant devenu épuisette, il me suffisait de ne pas jouer les papillons sur la toile. Cool !
Coulé ... J’ai sombré ! Progressivement bien sûr. Désolé d’abord des maigres trouvailles de mon nouveau moteur de recherche comparées à celles de l’ancien, désolé de ne plus accéder au tchatte des amis googléens exclusifs, obligé de constater la plus grande sobriété de mon ancien navigateur et surtout désespéré du fonctionnement de mon nouvel espace de courriel en ligne. J’en ai essayé deux, deux services payants puisqu’ils font partie d’un hébergement pour l’un et d’une fourniture d’accès internet pour l’autre. Bourré d’incommodités pour le premier, encombré de pubs pour le deuxième ... Insupportables !
J’ai donc battu en retraite vers le prédateur redouté de mes infos persos en me persuadant que le statut d’internaute piégé mais confortable était préférable à celui d’homme libre empêtré dans les rets de la technique. Non ?