Étendu sous la vitre endormie
J’ai surpris l’étoile dans sa nuit
La rondeur de son oeil m’observait
Il a cligné vers mes pensées
S’est animé d’un rythme gai
Dans le nuage s’est dissipé
Un peu de poésie dans ce monde de brutes ... Ça n’est pas gagné, mes vers sont trop verts et le monde est si brut, si bien pavé de bonnes intentions enthousiasmantes et trompeuses tout comme le ciel est pavé d’étoiles inaccessibles et fuyantes.
Je viens de m’apercevoir une fois de plus - non pas qu’apercevoir ne prend qu’un p comme devaient l’écrire quelques centaines de fois les antédiluviens punis du pp - que les choses humaines ont toujours évolué entre le meilleur et le pire et que dans cette évolution le pire a très souvent précédé le meilleur. L’électricité a foudroyé avant d’éclairer, la poudre a servi dans les fusils avant de creuser des puits, l’atome a tué avant de faire tourner les machines, peut-être les OGM vont-ils stériliser la planète avant de la sauver dans le flot d’une manne obligée, uniforme et insipide.
Ces quelques exemples me sont venus spontanément après la lecture de quelques pages de Lévi-Strauss, grand contemplateur d’Indiens qui s’y déclare étonnamment contempteur de l’écriture que beaucoup de ces Indiens ne pratiqu(ai)ent pas. Belle invention que l’écriture, n’est-ce pas ?
Il va de soi que c’est un moyen de communication et de stockage des connaissances sans lequel l’humanité n’en serait pas dans l’état civilisationnel constatable aujourd’hui. CLS explique pourtant qu’à l’instar de cet Indien qui simulait l’écriture pour être chef, certains utilisent l’écriture dans le seul but d’avoir "prise sur les autres". Il fait aussi la constatation que "au néolithique, l’humanité a accompli des pas de géant sans le secours de l’écriture ; avec elle, les civilisations historiques de l’Occident ont longtemps stagné". Mais il va ensuite plus loin en corrélant l’écriture et "la formation des cités et des empires", c’est- à dire "l’intégration dans un système politique d’un nombre considérable d’individus", la possibilité d’exploitation de milliers de travailleurs à des tâches exténuantes. Au bout du bout, il associe la "lutte contre l’analphabétisme" avec "le renforcement du contrôle des citoyens par le Pouvoir" et l’accès "au savoir entassé dans les bibliothèques" avec la vulnérabilité des peuples "aux mensonges des documents imprimés" par la "société internationale des nantis".
Aïe, aïe, aïe ! La théorie du complot n’est pas loin : "si ma théorie est exacte, il faut admettre que la fonction primaire de la communication écrite est de faciliter l’asservissement". Sans doute, Claude, sans doute. Mais ce que tu écris peut concerner tous les médias, radio, télé, internet ; et même les visus en présentiel-direct-live entre deux personnes peuvent être interprétés comme des tentatives d’asservissement de l’une sur l’autre. Mais trop c’est trop. Je veux bien entendre que la fonction "primaire" de l’écriture tienne du pire si primaire ne signifie pas fondamental, mais premier dans l’ordre chronologique, si donc le pire dont on est prévenu précède le meilleur dont je peux désormais profiter.