Notre époque est déclarée informatisée, robotisée, organisée n’est-ce pas ? Elle semble pourtant de plus en plus souvent désorganisée par les multiples grains de sable dispersés dans les mécanismes qui gèrent le fonctionnement de la société. Grèves dans les transports ou les spectacles, bouchons des grands départs ou grands retours, événements climatiques imprévus ou ingérables, coups de folie individuelles ou tribales (communautaristes ?), nombreuses sont les situations où les engrenages se trouvent bloqués et les vies ordinaires désemparées.
Parce qu’également de plus en plus fréquentes, les petites déconvenues ne sont pas les moins désespérantes bien sûr. "Rolly and the Spirit of Rythm. Charleston, swing, jazz New Orleans ... Ce sextet chevronné vous fait danser sur les chefs-d’oeuvre des années 1920 et 1930 en revisitant Duke Ellington, Sidney Bechet, Django Reinhardt, Benny Moten ... Dimanche 20 juillet à 19 heures". C’était hier, on en parle toute la journée, en s’en lèche les babines, on motive quelques tout jeunes à venir écouter de la musique dont ils n’ont pas - pas encore ? - l’habitude. C’est parti !... Las ! Sur la porte close de la salle de spectacle, une toute petite bande blanche collée sur l’affiche annonçant la soirée mentionnait : "Le spectacle de ce soir est annulé à cause de la suppression de l’allocation municipale".
C’est la deuxième (petite ?) déconvenue de ce genre en ce début d’été. Pas un grain de sable, juste une petite poussière qui nous aura détournés vers le glacier le plus proche avec l’espoir de noyer la pilule sous une montagne de glace à la vanille. Tandis que la langue surfait sur le cône luisant, la tête se répétait que, quand même, quelque chose ne tournait pas rond dans cette affaire, qu’une subvention promise ne se retire pas sans raison, qu’un spectacle ne devrait pas se déclarer pas tant qu’il n’est pas finalisé, bref, que le grain de sable se cachait derrière une incompétence ou une mauvaise volonté. Dommage !