Je ne suis pas un grand lecteur. La lecture requérant de la compétence et du temps, je ne sais point lire vite et bien. Ni vite ni bien. Les petites lectures pour petits lecteurs sont donc mon lot habituel. Je picore ...
Mais le parcours d’un article de presse, d’un édito, d’un témoignage même ne donne pas le sentiment d’appropriation obtenu lors de l’investissement d’un roman, d’une étude, d’une oeuvre pleine et entière par elle-même. Les petites graines nourrissent mais ne construisent pas, il faut y ajouter les moellons des oeuvres plus conséquentes, le mortier des pensées plus globales.
Me disant récemment que l’âge de la retraite étant bien installé et les intempéries hivernales jouant les prolongations, il m’était loisible de tenter de relever le défi de mon inculture, qu’un embryon de compétence pouvait s’acquérir et que le temps pouvait s’aménager. J’ai ouvert ma bibliothèque et me suis jeté goulûment sur quelques-uns des livres apportés là par je ne sais quel courant, échoués sur leurs étagères comme de vieux canots sur la grève. Des pas trop gros, faut pas tomber dans la démesure non plus ...
Quelques petites entrées étant avalées, un réflexe de vieux geek m’a susurré que les bouquins, c’est dépassé, qu’il était plus rapide de chercher les "bon" titres sur les étagères réticulaires que sur les miennes ou celles des librairies, qu’ils y étaient plus nombreux, généralement moins chers et souvent gratuits. La liseuse électronique n’a donc pas tardé à s’installer parmi mes écrans numériques et les livres numériques on commencé d’y prendre place. Je veux dire que j’ai bien vite downloadé des eBooks dans un eReader ...
Je n’ai plus l’odeur du papier et de l’encre, plus le bruissement de la feuille qu’on tourne, plus le garde-page pas installé à la bonne page, plus les vibrations des doigts sur le papier, des mains sur la couverture, de l’oeil sur le volume. Autour du même texte, j’ai autre chose, d’autres sensations et surtout d’autres commodités propres à en faciliter l’accès. Et puis, si la nostalgie me prend, j’aurais toujours le loisir de réveiller quelques-uns des volumes de ma petite bibliothèque.