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Pacifisme de guerre

29/04/2024

     On peut être de la génération 68 sans être soixante-huitard : j'ai assisté aux évènements de 68, les ai subis sans y avoir participé, mais les idées de l'époque germaient sans doute dans beaucoup de têtes, dont la mienne. L'égalité naurelle des sexes ou des races (*), le désir de paix globale et l'incompréhension de la guerre pour exemples. Comme beaucoup de jeunes de l'époque me semble-t-il, j'étais antimilitariste.

      C'était une positition assez facile à tenir alors que la guerre était derrière nous, que, pour nous, l'Algérie devait appartenir aux Algériens et que, pour la plupart des jeunes qui se prélassaient sur les pelouses des facultés avant de partir lancer des pavés sur les flics il était facile d'échapper au service armé en choisissant de servir en coopération à l'étranger. Hormis les pelouses et les pavés, cela a été mon cas.

      Mais les jeunes de 68 ont vieilli et les guerres ont repris de la vigueur autour d'eux depuis quelques décennies. Beaucoup de ceux-là ont sans doute alors pensé comme moi que, oui, il faut bien se défendre, mais sans faire la guerre, seulement en s'en prémunissant intelligemment. Construire une paix capable de rendre la guerre impossible est une utopie que nul pays n'a tenté de réaliser. Si ? Armer moralement la société, en renforcer la formation et les liens ; nouer des relations diplomatiques attentives partout dans le monde ; analyser finement les évolutions du monde - politiques, économiques, énergétiques, financières - pour anticiper les risques belliqueux. Et, pour tout ça, investir. Investir massivement pour le bien-être du peuple, pour y faire éclore les compétences qui vont bien, pour développer aussi les intelligences artificielles capables de renseigner les décideurs et de leurs suggérer les voies de réussite et les réponses aux menaces.

      Et puis... Et puis, le vieux pacifiste n'est pas loin maintenant d'admettre que, la menace de guerre pointant à son horizon, la défense passive intelligente idéale semblant n'avoir jamais franchi les idées de quelques farfelus, l'urgence est d'armer le pays, non pas pour faire la guerre, mais d'abord pour tenter d'éviter d'avoir à la faire et, folie humaine oblige, pour la faire pour de vrai si nécesaire. Il se pourrait que le pacifisme éclairé ne puisse se construise qu'en temps de paix, un temps pendant lequel on ne pense plus à préparer la non-guerre...

(*) J'ai interrogé ChatGPT : pour remplacer "races", il me propose "ethnies", "clines", "ancestralité génétique", "halogroupes", "affiliation nationale ou régionale", "identité culturelle". Choisissez !