05/06/2023
Résider en zone touristique est très intéressant lorsque les touristes en sont absents. En région côtière – pour prendre un exemple au hasard – les plages sont alors libres de parasols, les oiseaux marins cherchent librement leur pitance sur les estrans, la quasi vacuité des sentiers côtiers permet d’écouter le ronronnement de l’océan, le murmure du vent, les expressions délicates et multiples du silence. Le petit nombre des rencontres fait de chacune un événement méritant le « bonjour » bienveillant qui devient incongru en « haute saison » ou suscitant parfois même la discussion amusée sur le temps qu’il fait, l’harmonie florale ambiante ou le toutou qui est si gentil sous son allure de chien de garde.
L’amateur d’agitation peut se régaler gratuitement s’il habite sur les lieux vers lesquels se précipite la population avide de plages ensoleillées, de clichés touristiques, de selfies flatteurs, d’agitation bien vue, bien en vue. Dans le cas contraire, il a la quasi totalité du territoire national à sa disposition s’il veut prolonger ses rêveries, ses découvertes, ses rencontres espérées profondes et un peu vraies avec les territoires et les gens qui y vivent.
Perso, je viens de chercher sur le net les régions les moins touristiques de France. Si, si, je l’ai fait ! La liste des douze départements accueillant le moins de touristes dressée par l’INSEE en 2017 est à la fois attendue parce que ces départements ne possèdent pas de zones côtières et surprenante parce qu’ils possèdent tellement d’autres attraits que le ciel platement bleu, le soleil dont il convient de se protéger et la mer aux relents d’ambre solaire. Dans la liste, la Creuse, la Mayenne, les Ardennes, l’Orne, le Tarn-et-Garonne, la Haute-Marne, la Charente, les Deux-Sèvres me vont bien pour aller profiter de ce à quoi la majorité des Français tourne le dos. Un département à déguster chaque année à la « belle » saison, voilà une bonne raison de quitter brièvement le « pays », le temps que ses trépidations estivales s’assagissent. Non ?

