Assez régulièrement, je voudrais vouloir ne rien vouloir, dériver comme le plancton immergé dans l’océan des volontés, poussé par la brise des envies, entraîné dans le courant des souhaits, ballotté au gré des houles dominantes. Le pied, quoi. Le pied sans la tête, ou alors juste la tête qui prend son pied sans avoir à assurer l’intendance.

Mais une dernière volonté pour n’en avoir plus jamais est déjà un effort, un engagement, une résistance, un risque de ne pas pourvoir la tenir contre le main stream, la maintenir contre vents et marées, un souci coupeur de bonheur sous le pied ... Et les veules dont je suis comme la plupart des gens veulent rarement contre eux-mêmes, par définition. Ils voudraient.

Bah ! Pensées oiseuses que tout ça. Il faudrait bien plus que les quatre pages au format A4 de la dissertation du bac pour tenter d’éclaircir la problématique. Qu’est-ce que vouloir ? Peut-on ne pas vouloir ? Peut-on le vouloir ? Est-ce compatible alors avec l’absence de vouloir ? La forme conditionnelle de "voudrais" est-elle conciliable avec l’infinitif "vouloir" tant les deux significations sont opposées ?

Alors ? Si cette propension à souhaiter vouloir ne rien vouloir devait me submerger un jour, il conviendrait sans doute que je consulte quelque psy compatissant. Non ?

PS : Trois jours sont passés après la pose du dernier point d’interrogation de cette humeur légère, trois jours durant lesquels se sont affichés trois hommes sans volonté autre que celle d’obéir à des pulsions entretenues par des illuminés, conditionnées par des faiseurs de monstres. Trois jours au bout desquels on n’a plus envie de plaisanter sur le plaisir de vouloir ne pas vouloir.