lundi 22 décembre 2008
Talk-shows
Monsieur, je trouve que votre livre est mauvais.
Pardon ? Mon livre est mauvais ?
Je ne dis pas qu’il est mauvais, je dis que je le trouve mauvais.
Comment pouvez-vous le trouver mauvais, vous ne l’avez pas lu, vous ne pouvez pas en avoir eu le temps.
Inutile d’avaler le plat entier pour le trouver mauvais.
Vous
prenez-vous pour un palais ? un nez ? un expert ? Qui
vous connaît ? Qu’avez-vous écrit, vous ? Quelles qualités
avez-vous pour juger mon livre ?
Parce
que vous destinez vos livres aux seuls académiciens ? Si vous
passez en boucle sur les radios et les plateaux télé, c’est bien pour
les vendre en masse, non ? Pensez-vous que l’acheteur lambda ne
jugera pas votre livre ? Qu’il n’en n’a pas les moyens ? Qu’il
n’osera pas ? Ou bien même qu’il ne le lira pas, se contentant de
l’offrir à quelqu’un qui le posera sur l’étagère de son salon pour faire
mode ?
Perso, je ne suis pas spécialiste en quelque domaine que
ce soit, mais je trouve que bien peu de "talk-shows" visant à
promouvoir une œuvre renseignent objectivement et exhaustivement. Ou
bien l’opération relève d’une flagornerie plus ou moins affichée du côté
intervieweur, ou bien l’interviewé s’y transforme rapidement en
hérisson agressé. Il semble en effet difficile au premier de malmener ce
qui fait la manne de son fond de commerce et quasiment insupportable au
second de voir critiquer des créations qui lui ont demandé tant de
temps, tant d’efforts, tant d’investissement de sa personne ... quand il
ne s’agit pas d’assister à la mise au grand jour de l’arnaque cachée
sous la couverture.
Paradoxalement, c’est justement à cause de ces
difficultés que les talk-shows peuvent être intéressants, dans la mesure
où ils exposent l’auteur davantage que l’œuvre. Pour le meilleur comme
pour le pire ...
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