lundi 25 mai 2009
Magique ! Oui ? Non ?
Notre
conscience instantanée des choses est indubitablement limitée, très
limitée. Nos sens mettent à la disposition de notre cerveau infiniment
plus d’informations qu’il ne peut en traiter dans l’instant, c’est
certain. Si on ajoute toutes celles qui sont emmagasinées dans les
différents tiroirs et mécanismes constituant la mémoire des dits
cerveaux, notre conscience prend des allures petascopiques. C’est
pourtant cette entité epsilonesque qui doit quasiment continuellement –
mais particulièrement en situation de communication – choisir les
sources d’informations pertinentes, la petite partie judicieuse de leur
contenu, composer avec elles, agir en fonction de cette composition et
analyser le résultat de cette action. Tout ceci en des temps très courts
pour une échelle humaine, mettons de l’ordre de la demi-seconde pour
l’exemple d’une conversation. Imaginiez-vous tout le travail
qu’inconsciemment votre conscience réalise lorsque vous discutez de vos
dernières vacances avec votre voisin, autour d’un verre de pastis ?
Pensez-y, c’est magique !
Magique ?
Mais le plus commun des ordinateurs en fait bien davantage et beaucoup
plus vite mon bon monsieur ! Ses capteurs peuvent être beaucoup
plus nombreux que nos seuls cinq sens. Sa mémoire est gigatesque [1]
et particulièrement fiable. Sa conscience instantanée ne se limite plus
à quelques informations mais à quelques milliards. Et surtout, son
cerveau travaille plus vite, beaucoup plus vite puisqu’il réalise des
milliards d’ « opérations » à la seconde. Il semble bien que
l’intelligence humaine soit parvenue à construire de quoi ridiculiser
son propre cerveau et la conscience qui l’utilise continuellement et le
gère parfois. Non ?
Eh
bien non. D’abord parce qu’il n’est sans doute pas possible de mettre en
chiffres la conscience et son activité de la même façon qu’on peut le
faire pour un ordinateur en fonctionnement. Et surtout parce qu’en fin
de compte les activités plus ou moins conscientes, débridées,
erratiques, oniriques déployées par le cerveau autour des quelques bits
accessibles à la conscience à chaque instant me semblent infiniment
mieux adaptées à la condition humaine que celles d’un compiouteur
incapable de la moindre folie, du moindre rêve. Non ? Mais si !
Notes[1] Non, non, il n’y a pas de haine à écrire gigatesque …
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